Je précise, Madame la présidente, en réponse à votre question liminaire, que le rattrapage des cours s'est déroulé normalement, les universités ayant fait preuve de souplesse dans son organisation et de rigueur dans la délivrance des diplômes.
La question des IUT a été abordée par nombre d'entre vous. Vous allez tous recevoir une lettre exposant les grandes lignes du projet élaboré avec les représentants des IUT, lesquels connaissent en effet des difficultés « relationnelles » avec les présidents d'université. Pôles de proximité, les IUT ont certes un grand rôle à jouer en faveur de l'insertion professionnelle des jeunes mais leur avenir n'en demeure pas moins au sein de l'université dont ils dépendent. L'année dernière, nous avons élaboré une charte des bonnes relations entre universités et IUT, qui a aujourd'hui valeur règlementaire puisque je l'ai intégrée dans le code de l'éducation. Dans ce cadre, 62 contrats d'objectifs et de moyens ont été signés – ce qui représente plus de la moitié des établissements. Ces règles n'ayant pas toujours été respectées, je recevrai avant la fin du mois les présidents d'universités et d'IUT ainsi que les recteurs, afin de leur expliquer le contenu de la charte et de la circulaire dédiée à la pratique de l'autonomie budgétaire des IUT, ces derniers bénéficiant de ressources propres - je songe, notamment, à celles qui sont issues de la taxe d'apprentissage – à l'instar des laboratoires de recherche. J'ajoute que les présidents d'université se sont engagés à sanctuariser les moyens dédiés à leurs IUT en 2009 et 2010.
Par ailleurs, outre que nous avons accepté de corriger le modèle d'allocation des moyens aux universités afin de tenir compte des spécificités des IUT et, notamment, de leur encadrement renforcé, j'ai demandé aux présidents d'université de me rendre compte, IUT par IUT, des engagements financiers qui ont été pris. Ces données seront expertisées par le ministère, qui traitera au cas par cas les divergences d'appréciation. Je précise que la référence à l'insertion professionnelle dans le modèle d'allocation des moyens aux universités jouera bien entendu en faveur des IUT et incitera les présidents d'université à doter ces derniers des financements qui s'imposent.
De plus, je souhaite développer la filière technologique en facilitant l'accès des titulaires de bacs technologiques à l'enseignement supérieur.
Enfin, nous nous apprêtons à lancer une réflexion générale sur la place, les missions et le positionnement des IUT au sein des universités autonomes et des PRES avec les présidents d'université et les directeurs d'IUT.
Les COM, quant à eux, seront annexés à titre transitoire aux contrats d'établissements – chaque contrat sera vérifié par le ministère –, notre objectif étant que ceux-ci constituent en quelque sorte le paradigme des relations entre les universités et leurs différentes composantes. L'État, enfin, exercera la plénitude de ses missions et assumera son rôle d'arbitre des bonnes relations entre universités et IUT.
En désinhibant des jeunes issus de milieux défavorisés qui n'oseraient pas aller à l'université ou en classes préparatoires, le bilan des « Cordées de la réussite » – réseaux de solidarité entre universités, grandes écoles et lycées dans les zones urbaines sensibles - est en effet très positif, Monsieur Reiss. Le décret de 2007 sécurise ces parcours en conférant une équivalence systématique entre deux années de classes préparatoires et deux années d'université. Cette expérience a été généralisée dans l'académie de Créteil et nous voulons maintenant passer à la vitesse supérieure. À ce jour, il existe 142 « Cordées de réussite » liant 587 lycées dans 215 quartiers, ce qui représente 14 000 élèves. Avec un budget de deux millions cette année contre moins d'un million l'année dernière, nous envisageons de doubler leur nombre en 2010.
S'agissant de la réforme de la formation des enseignants, c'est une évidence qu'une nation se doit de toujours mieux former ses enseignants. De ce point de vue-là, personne ne peut dire que la « masterisation » des concours – soit, la formation à Bac + 5 contre Bac + 3 jusqu'à présent – constitue une régression.
J'ajoute que, dans le système actuel, la quasi-totalité des jeunes professeurs arrivent devant des classes à la rentrée de septembre sans jamais avoir vu un seul élève, aucun stage n'étant organisé au sein de l'éducation nationale avant de passer les concours. En revanche, le master en deux ans permettra d'effectuer une entrée progressive dans la carrière, la première année étant l'occasion de stages d'observations dans le primaire et le secondaire mais également de stages pratiques accompagnés, et la seconde, celle de stages en responsabilité seuls devant une classe. Les étudiants sauront à quoi ils seront confrontés avant de passer le concours.
Après l'admissibilité, ils pourront en outre effectuer un stage et s'initier à la recherche. Enfin, une fois admis, les professeurs effectueront un stage de fonctionnaire tout en suivant une formation continue pendant un tiers du temps de leur première année d'exercice. Du reste, sachant qu'un professeur des écoles doit être aujourd'hui un généraliste de très grande qualité connaissant à la fois les disciplines littéraires et scientifiques ainsi que la pédagogie mais, également, une langue étrangère, comment soutenir que les professeurs seront moins formés après la masterisation ? Aujourd'hui, un étudiant qui échoue aux concours ne se voit offrir aucun débouché alors qu'un diplôme de master généraliste lui ouvrira de nombreuses portes. Cette réforme est en fait une véritable révolution !
Les IUFM, quant à eux, deviendront ce qu'ils auraient toujours dû être : une composante universitaire de plein exercice, avec la double mission de promouvoir une formation initiale et continue. Les antennes de proximité, elles, ont vocation à devenir des pôles universitaires de proximité pluridisciplinaires et décloisonnés – IUFM et IUT devant par exemple travailler ensemble –, en liaison avec le monde socio-économique sur l'ensemble du territoire.
En ce qui concerne les 12 000 chambres d'étudiants, si ce ne sont pas toutes des constructions récentes, elles n'en sont pas moins nouvelles puisque plusieurs milliers d'entre elles n'étaient pas disponibles, faute de répondre aux normes de sécurité. À Antony, Madame Amiable, c'est la commission de sécurité qui a demandé au CROUS de ne plus louer les chambres du bâtiment C en raison de leur vétusté et de la présence d'amiante. Parce qu'il était impératif d'agir, j'ai demandé au département des Hauts-de-Seine de prendre des engagements très forts : 3 000 nouveaux logements étudiants doivent être construits dans le parc social d'ici cinq ans ; pour chaque chambre de 10 m² détruite, le conseil général s'est engagé à reconstruire 1,2 logement entre 14 et 18 m² – une destruction de 100 m² à Antony étant ainsi suivie de la construction d'une surface d'environ 200 m² ailleurs. J'ajoute que 1 500 nouveaux logements sont d'ores et déjà financés et que 1 500 autres vont être construits.