Aujourd'hui, cette dépendance financière vis-à-vis de l'État a tendance à devenir une dépendance de nature politique. J'en veux pour preuve les désignations. Il convient de s'interroger sur l'autonomie d'une instance de régulation de l'audiovisuel dont le rôle devrait être de protéger la liberté de communication des pressions liées aux intérêts économiques et politiques. La réforme favorise-t-elle l'indépendance de cette instance ? J'en doute fortement.
Franchement, croyez-vous que quiconque puisse s'opposer à la décision du Président de la République, qui est également multi-ministre et toujours président de l'UMP ? Il n'est qu'à voir ce qui s'est passé pour Radio France : le Président convoque M. Hees, lui dit qu'il sera PDG de Radio France et, aux dires de M. Hees – ce n'est pas lui que je mets en cause, mais le dispositif –, ne lui donne aucune indication quant aux orientations à prendre. Curieux, tout de même : comment le Président de la République, qui se dit l'actionnaire de l'audiovisuel public et entend user de tous ses pouvoirs d'actionnaire, peut-il nommer, sans lui confier aucun projet à mener à bien, une personne qui n'a elle-même aucun projet à proposer ? Ce n'est plus la question de la nomination qui est en cause, mais celle de la révocation, car, dans de telles conditions, le seul projet consiste à plaire au Président de la République.