Je crois, monsieur le ministre, que le Gouvernement ne peut plus rester immobile dans cette affaire. Nous savons tous le rôle irremplaçable que joue RFI dans certaines régions du monde. C'est une vraie radio, avec ses vraies spécificités, c'est une radio de journalistes, pas une radio d'animateurs.
Quels sont les arguments avancés par l'AEF pour s'en prendre à RFI ? Quand on veut tuer son chien, on dit qu'il a la rage. En l'occurrence, la rage, c'était à la fois le déficit – mais le déficit d'une entreprise publique, nous savons que c'est ce que veut bien en faire l'actionnaire unique, c'est-à-dire l'État – et une perte d'audience supposée de 8 millions d'auditeurs. En réalité, ce chiffre ne repose que sur une étude très mystérieuse, attribuée à un groupement qui s'appelle le GEDA, qui n'est rien d'autre qu'un institut universitaire belge – je n'ai absolument rien contre la Belgique mais il se trouve que cet institut est inconnu de toutes les grandes entreprises de mesure de l'audience qu'il s'agisse de la SOFRES, de l'IFOP, etc. Il semble assez mystérieux que personne ne connaisse l'origine d'une étude qui a été revendiquée, matraquée par la direction de l'AEF. J'ai beaucoup de doutes sur cette étude.
En outre, je relève que plusieurs fautes psychologiques ont été commises dans ce conflit. On ne peut pas à la fois donner le sentiment de vouloir marginaliser le média radio au profit de la télévision de format breaking news comme France 24, expliquer que la masse salariale de RFI est trop élevée et, dans le même temps, augmenter le budget de l'AEF de 1,5 million d'euros par rapport aux prévisions budgétaires, uniquement à cause du salaire des dirigeants.