Alors qu'elle était de 500 000 euros entre 2006 et 2008, elle s'élèvera à 20,2 millions d'euros en 2010. À ce propos, je souhaiterais, monsieur le ministre, que vous nous indiquiez quand sera publié le décret permettant la mise en oeuvre de cette aide.
Enfin, le fonds d'aide à la modernisation de la presse, recevra 5 millions d'euros supplémentaires pour financer la mesure d'abonnement gratuit en faveur des jeunes – sujet sur lequel je reviendrai de manière plus approfondie dans un instant.
Le présent projet de loi de finances traduit également le soutien de l'État en faveur de la modernisation de l'Agence France-Presse, conformément au contrat d'objectifs et de moyens signé à la fin de l'année dernière. L'enjeu, monsieur le ministre, mes chers collègues, est important. Il s'agit en effet de s'assurer que l'AFP puisse demeurer une agence d'information à vocation mondiale dans un contexte de fortes mutations technologiques et économiques. À ce titre, pouvez-vous nous indiquer, monsieur le ministre, où en est la réflexion sur une possible réforme du statut de l'Agence ? Avez-vous l'intention de déposer un projet de loi, et si oui, à quelle échéance ? Il me paraît en effet nécessaire, indispensable, que les voies d'un consensus soient dégagées sur ce sujet.
L'une des questions clés pour l'avenir de la presse écrite, c'est évidemment celle de son lectorat d'aujourd'hui mais également de demain. C'est pourquoi j'ai souhaité étudier plus précisément dans mon rapport la question des jeunes et de la presse.
Toutes les statistiques le montrent : les jeunes lisent peu la presse écrite – moins encore que les autres catégories de la population. Ils la lisent même de moins en moins, malgré leur hyper-consommation de médias. La question posée est donc claire : y aura-t-il encore un lectorat pour la presse demain ?
C'est un sujet important, car les entreprises de presse ne sont pas des entreprises comme les autres. Elles ont un rôle particulier à jouer : la question des rapports entre les jeunes et la presse écrite sous-tend en effet celle de l'accès à la culture, celle de la formation de l'esprit critique, et tout simplement celle de la formation à la citoyenneté.
Pour répondre à cet enjeu important pour l'avenir de notre société démocratique, diverses initiatives ont été mises en place, mais qui apparaissent aujourd'hui insuffisantes.
En matière d'éducation aux médias, la France a été un précurseur à travers l'action du Centre de liaison de l'enseignement et des médias d'information, le CLEMI. Depuis vingt-ans ans, celui-ci forme 30 000 enseignants chaque année et organise depuis vingt ans la « semaine de la presse et des médias à l'école » qui touche environ 4 millions d'élèves dans 15 000 établissements. En dépit d'un succès incontestable, la semaine de la presse à l'école, événement ponctuel, agit comme une piqûre de rappel, quand c'est un véritable traitement de fond qui serait nécessaire.
La place de la presse dans les enseignements reste en outre très insuffisante alors que – faut-il le rappeler ? – l'éducation aux médias figure explicitement dans le socle commun de connaissances et de compétences ainsi que dans les programmes. Les obstacles sont nombreux : les objectifs sont mal définis, les horaires d'enseignement contraints et la formation des enseignants insuffisante.
Enfin, en dehors de la semaine de la presse, aucune solution généralisable n'a été trouvée pour permettre aux établissements de disposer d'un nombre suffisant de journaux gratuits.
À partir de 2005, d'importants moyens financiers ont également été mobilisés par l'État pour accompagner les éditeurs, à hauteur d'environ 3 millions d'euros par an. Ces crédits ont permis de soutenir des projets individuels – à l'initiative de diverses entreprises de presse – et collectifs. Cependant, jusqu'à aujourd'hui, le montant des subventions n'épuise même pas la totalité de l'enveloppe destinée à ces projets, ce qui montre bien que les éditeurs peinent à proposer des projets pour le jeune lectorat.