J'ai déjà remarqué hier soir que nous n'avions pas la même conception de la raison. Pour faire avancer le débat, je donnerai trois exemples concrets de ce que je pense être l'offre raisonnable d'emploi. Il s'agit chaque fois de cas vécus, qui vous permettront de juger simplement pourquoi le dispositif peut fonctionner sans que l'on imagine toujours l'enfer dans les détails, car j'ai l'impression que vous allez vraiment chercher dans les coins.
Le premier exemple est celui d'une jeune demandeuse d'emploi, à Lille, qui n'a pas d'expérience professionnelle et cherche à en acquérir une dans le domaine du commerce. Elle va donc voir l'ANPE. N'étant pas mobile, elle cherche dans un périmètre qui se situe autour de la communauté urbaine de Lille. Parce qu'elle a quitté l'école très tôt, elle n'a pas de formation, mais elle est très motivée pour travailler dans le commerce. On définit donc avec elle un domaine et elle se déclare – je souligne que cette volonté vient d'elle – prête à accepter n'importe quel type de contrat, au début, pour acquérir une expérience. En revanche, elle a besoin d'aide, notamment pour passer son permis de conduire. La définition qu'élabore l'agent de l'ANPE est celle-ci. D'abord, elle sera aidée pour passer son permis de conduire. Le service public de l'emploi prend donc un engagement envers elle. De son côté, elle définit un secteur – le commerce –, un lieu – la communauté urbaine de Lille – et un choix – n'importe quel type de contrat. C'est l'intéressée qui élabore cette définition et c'est dans ce sens qu'ira ensuite la recherche. Il est évident qu'une inscription sur un site internet ne fait pas partie d'une offre raisonnable d'emploi. Le but est de prendre un véritable emploi que l'on vous propose.
J'évoquerai maintenant – c'est le deuxième exemple – le cas d'un jeune de quarante ans habitant Saint-Étienne et pourvu d'un petit savoir-faire en informatique. La demande est forte pour les métiers en tension d'administrateurs de réseaux ou d'animateurs de sites internet. Ce demandeur d'emploi affiche son intérêt pour ces professions et le service public de l'emploi s'engage à le former pour accroître ses connaissances de base, en échange d'un engagement à accepter un emploi conforme à ses voeux, mais dans l'agglomération lyonnaise, où les offres sont plus nombreuses.
Le troisième exemple, tiré d'une histoire vécue, concerne les emplois de services. Après avoir été licencié, un salarié, employé sur une sortie de chaîne dans une entreprise de fabrication de sacs plastiques, s'oriente vers le secteur d'avenir des services à la personne. On ne pourra pas lui imposer, dans le cadre d'une offre raisonnable d'emploi, d'accepter cinq employeurs différents. En revanche, on lui offre une formation pour se mettre à niveau en tant qu'aide à domicile, puis une embauche dans le cadre de l'ADMR.
Ces parcours sur-mesure peuvent être définis de façon personnalisée sans qu'il soit besoin d'imaginer l'enfer dans les détails.