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Intervention de Frédéric Mitterrand

Réunion du 3 novembre 2009 à 17h00
Commission élargie des affaires économiques, de l’environnement et du territoire et des finances

Frédéric Mitterrand :

ministre de la culture et de la communication. Outre que je souhaite rénover la perception que nos compatriotes ont des monuments nationaux, je constate qu'un mécénat intelligent procure de la fierté aux salariés d'une entreprise qui y consacre une partie de son budget : loin d'être un échange intéressé de services, le mécénat joue en effet un rôle fondamental dans la transmission culturelle.

Par ailleurs, faut-il enseigner l'histoire « de l'art » ou « des arts » ? Quelle doit être la place de cette discipline au sein de l'enseignement général ? Comment faire comprendre l'enjeu culturel qu'elle représente ? En l'état, il s'agit de transmettre l'histoire des arts à travers les autres enseignements et, notamment, par un système de quotas horaires pour les professeurs de musique, de dessin, de littérature ou d'histoire. En outre, une épreuve obligatoire sera mise en place l'an prochain au brevet, et j'essaie de faire en sorte qu'il en soit de même au baccalauréat – même si nous ne sommes pas prêts du but, pas plus que nous ne le sommes à avoir un corps professoral dédié à l'enseignement de cette matière. Même si je suis angoissé à l'idée qu'il en aille de l'histoire de l'art comme naguère de l'éducation civique, je note avec satisfaction que le corps enseignant, le Président de la République et le ministre de l'éducation nationale sont aussi déterminé que je le suis à ce que l'histoire des arts occupe la place qui lui revient. J'ajoute qu'un tel souci entre de plus en plus dans les moeurs. Nous serons ainsi attentifs au travail de l'inspecteur général chargé de suivre l'évolution des programmes et des différents référents culturels qui seront mis en place mais, également, à celui des DRAC auprès des chefs d'établissement et des professeurs. Cette discipline, in fine, doit pouvoir rapporter des points au baccalauréat.

L'intermittence relevant quant à elle des annexes 8 et 10 de la convention relative à l'indemnisation du chômage, nous avons un peu de temps, Monsieur Kert, avant d'examiner ce problème.

Les langues régionales sont bien vivantes dans notre pays, comme j'ai pu m'en apercevoir récemment en Lorraine, où le platt a beaucoup de succès.

Notre histoire peut se décliner en autant de chapitres qu'il y a de musées, depuis ceux de la préhistoire ou de l'époque gallo-romaine jusqu'aux plus contemporains. Il est d'autant plus important que la Maison ou le Musée de l'histoire de France intègrent également les maisons d'écrivains ou d'hommes illustres que la moitié d'entre elles sont en très mauvais état – que l'on songe, par exemple, à celle de Clemenceau. Une mutualisation s'impose !

J'ajoute que j'ai reçu M. Richard Martin, le directeur du théâtre Toursky de Marseille, au moment où il commençait sa grève de la faim. J'ai d'ailleurs subi des pressions assez fortes de la part de personnes qui ignoraient que le théâtre avait reçu d'importantes subventions de la ville. Son refus de tout conventionnement rendait difficile l'attribution de sommes conséquentes, mais j'ai eu l'occasion de lui faire des propositions qui sont à mon sens tout à fait acceptables et sur lesquelles j'attends qu'il me donne son sentiment. Par ailleurs, il serait semble-t-il d'ores et déjà d'accord pour accepter des conventionnements sur un certain nombre de programmes. Le dialogue est donc bien engagé et je suis certain que nous parviendrons à nous entendre.

Je suis un ardent défenseur des salles de cinéma : non seulement elles sont garantes de la vitalité cinématographique de notre pays mais, comme les kiosques à journaux, mutatis mutandis, elles contribuent à créer du lien social. Les exploitants, qui sont admirables et courageux, ont procédé à des réformes importantes sans pour autant bénéficier d'aides considérables. Les plus petits d'entre eux ont des difficultés, mais nous nous emploierons à les résoudre avec eux. La grève qu'ils « projettent » de faire demain – si vous me permettez la formule – constitue un signal, même si je ne la crois pas tant motivée par la chronologie des médias que par l'accès aux copies. Quoi qu'il en soit, le dialogue est engagé avec Véronique Cayla, présidente du Centre national du cinéma et de l'image animée et, si elle le souhaite, un médiateur sera nommé.

Enfin, un plan de numérisation des salles de cinéma est prévu où exploitants, pouvoirs publics et collectivités participeront au financement de ce dernier même si, ô surprise, les représentants des grands circuits n'en veulent pas !

Madame Boulestin, le livre de Marie Cardinal est en effet cardinal, si j'ose dire. Les Français, hélas, lisent de moins en moins et nous en sommes également inquiets. Comme vous, je suis désespéré à l'idée que des jeunes gens de dix-sept ou dix-huit ans n'aient jamais ouvert un livre. Et ce n'est pas le livre numérique, hélas, qui modifiera la situation. Je souhaite que la politique concernant l'ouverture des bibliothèques – y compris en soirée – soit poursuivie, de la même manière que je souhaite la diffusion d'excellentes émissions littéraires à la télévision.

La transmission du savoir, quant à elle, repose sur un grand nombre d'institutions. Je m'inscris à nouveau en faux contre l'idée selon laquelle il y aurait une réduction globale des crédits quand ils sont simplement redéployés.

Par ailleurs, si le poker peut contribuer au financement des villes d'art et d'histoire, banco !

En outre, l'endettement des DRAC diminue comme en attestent les chiffres dont je dispose.

Mme Fourneyron a raison : la culture est créatrice d'emplois dans des proportions inouïes. Que l'on songe au musée de Bilbao édifié sur des friches industrielles !

Ma mission au service du bien public consiste à promouvoir auprès des Français les activités culturelles et à faire en sorte que cesse l'intimidation sociale qui retient certains de nos compatriotes de fréquenter les expositions, les théâtres ou les librairies.

En outre, c'est en confortant l'ensemble des acteurs culturels que nous ferons aussi reculer le chômage !

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