ministre de la culture et de la communication. Monsieur Rogemont, je ne m'extasie pas, mais le Conseil m'apporte des idées et je vais les étudier.
Pour ce qui concerne la création d'une philharmonie, nous sommes en désaccord absolu. Il s'agit là en effet de l'un des grands objectifs de notre action, car il est incompréhensible que Paris soit la ville d'Europe qui ne dispose pas d'une telle formation. Bien qu'elle soit superbe, la salle Pleyel ne permet pas les répétitions et elle ne dispose ni de loges proprement dites, ni des ateliers et autres équipements nécessaires à une philharmonie. La Philharmonie de Berlin est admirable, mais, même si l'Allemagne est, dit-on, un pays où la musique est l'autre langage et que la pratique musicale est moins développée en France, le fait que le Grand Paris représente 10 millions d'habitants, contre 3 millions à Berlin, doit compenser cette différence. La création d'une philharmonie permettra d'attirer à Paris les plus grands chefs d'orchestre et de refondre l'organisation des quatre orchestres existants. Ceux-ci sont certes de bonne qualité, mais pas de qualité internationale, selon certains critères – je les trouve, pour ma part, formidables, mais le milieu de la musique est fécond en critiques et en bagarres. Quel pays serions-nous sans une philharmonie digne de ce nom ?
Tout comme je félicite sincèrement et avec beaucoup de plaisir mes collaborateurs, dont j'ai découvert en arrivant au ministère la qualité et le dévouement, je tiens aussi à féliciter M. Laurent Bayle, l'homme qui porte l'idée de la Philharmonie. Ceux d'entre vous qui le connaissent savent qu'il sait concevoir un projet et le modifier au besoin. Il a notamment trouvé la manière de rentabiliser très astucieusement la salle Pleyel. À ce stade du projet, même s'il faut bien sûr aborder toutes les questions et, le cas échéant, adapter nos décisions, nous devons lui accorder notre confiance et le suivre sans hésiter dans ce projet exaltant qui placera Paris au même niveau que Berlin ou Londres.
Quant à la « culture sociale », permettez-moi tout d'abord de préciser, monsieur Rogemont, que le terme « social » n'a pour moi rien de péjoratif, bien au contraire. Il ne s'agit donc pas d'opposer une culture pour les pauvres et une culture pour les riches, mais d'affirmer qu'il existe une culture fédérative, une culture pour tous, qui est en même temps une culture pour chacun. La culture pour tous, c'est celle qui constitue un socle pour nous tous et la culture pour chacun, celle qui fait qu'une dame qui peint, même si elle n'est pas Picasso, se sent valorisée et respectée pour ce qu'elle fait, ou qu'une petite galerie d'art ou les membres d'une harmonie musicale ont le sentiment de participer eux aussi à la vie culturelle générale. En la matière, je tiens à souligner que les capacités d'action du ministère ne sont pas amoindries.
Je ne puis vous suivre lorsque vous affirmez que les crédits d'action culturelle ont diminué : ils ont été déplacés et, s'ils se trouvent dans des tiroirs différents, le montant total reste le même.