Madame la présidente, messieurs les ministres, mes chers collègues, nos territoires d'outre-mer connaissent depuis ces dernières années une crise sociale sans précédent. La démographie est toujours positive et nos territoires souffrent de ne pouvoir offrir à nos jeunes des emplois adéquats. Tout est souffrance en ce moment dans le milieu de l'emploi. Combien de victimes collatérales dues à la fusion ratée de l'ANPE et de l'UNEDIC ?
À la Réunion, depuis le 29 octobre, la grève sévit au Pôle emploi par manque d'effectifs. Qu'envisagez-vous de faire pour débloquer la situation ? Allez-vous accepter de saisir la main tendue par l'intersyndicale, qui a fait des propositions de sortie de crise pour le plus grand bien des usagers ?
La crise qui frappe si durement la France n'épargne aucun de ses territoires. Que fait pendant ce temps le Gouvernement ? Il s'acharne sur les plus pauvres et les plus éloignés de l'emploi. Les territoires d'outre-mer sont dans une situation de vulnérabilité économique structurelle accentuée par des facteurs conjoncturels : le désengagement de l'état, la crise économique, la crise sociale et sociétale qu'a traversée l'outre-mer, notamment en ce début d'année, et les crises sanitaires.
Les collectivités ultramarines ont dû supporter une succession d'événements qui ont contribué à les fragiliser plus durement. Les outre-mer sont donc dans une situation économique fragile. Votre gouvernement n'a pour autant de cesse de reléguer leurs citoyens au dernier plan. N'hésitant pas à reprendre d'une main ce qu'il donne de l'autre, par exemple en imputant sur le RSTA la prime pour l'emploi. Votre gouvernement ne laisse pas non plus de repousser nos amendements. Lors de l'examen de la LODEOM, il nous a sommés de patienter jusqu'aux états généraux. Les états généraux passés, nous devons maintenant attendre le fameux conseil interministériel.
Pourtant les chiffres sont là. Les statistiques publiées en février par l'institut officiel européen Eurostat rappellent l'ampleur de la crise que traversent nos territoires lointains. Parmi les cinq régions d'Europe où le taux de chômage était le plus élevé en 2007, on trouve les quatre départements d'outre-mer français aux quatre premières places. Le score le plus élevé revient malheureusement à la Réunion, avec un taux de demandeurs d'emploi de 27,2 %. La Guadeloupe est elle aussi au-dessus des 25 %, tandis que la Martinique et la Guyane font à peine mieux. Dans ces conditions, nous sommes nombreux à ne pas comprendre votre politique de l'emploi.
Les DOM se distinguent surtout par un chômage massif des jeunes. Le taux de chômage des 15-24 ans atteint, en 2009, 55,7 % en Guadeloupe, 50 % à la Réunion et 47,8 % à la Martinique, contre 19,4 % en moyenne en France – taux déjà inquiétant – et 15,6 % dans l'Union européenne.
Il est vrai que les DOM ont une démographie dynamique. La population active y augmente de 2 à 4 % par an selon les départements, alors qu'elle stagne en métropole. Mais il y a aussi un problème de qualification. Le taux de chômage chez les jeunes qualifiés n'est en effet pas plus élevé aux Antilles que dans l'hexagone. Le marché du travail est même plus fragile outre-mer que ne le laissent supposer les seuls chiffres du chômage. La fonction publique y sert d'amortisseur social : elle représente 37 % des emplois en Martinique et 28 % en Guadeloupe, contre 20 % dans l'hexagone.
Ces chiffres, vous les connaissez, et pourtant rien n'est proposé pour permettre une réelle sortie de cette crise sociale. Les économies insulaires sont par définition limitées. Plus que de promesses, c'est d'actions que les populations ont besoin.
L'approche du conseil interministériel de l'outre-mer ne laisse par ailleurs rien transparaître dans votre budget. Votre politique de l'emploi en faveur de l'outre-mer peine à convaincre et les ultramarins ne s'y tromperont pas.