Monsieur le président, ma question, à laquelle j'associe M. Germinal Peiro et Mme Marie-Lou Marcel, s'adresse au Premier ministre.
« Je veux refonder la politique agricole comme nous sommes en train de refonder le capitalisme financier », a annoncé hier le Président de la République aux agriculteurs. Ces derniers ont du souci à se faire : le Président n'a rien changé au capitalisme financier. Comme toujours, il désigne des boucs émissaires de la baisse des prix sans proposer de remède et, bien entendu, il impute la crise agricole aux 35 heures ! (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)
Il oublie que, depuis 2003, c'est vous, monsieur le Premier ministre, qui approuvez la baisse des prix de soutien agricole à l'échelon européen. Il oublie que c'est sous sa présidence que l'Union européenne a définitivement choisi de déréguler le secteur laitier. Il oublie que ce sont les services de Bercy, dont il est responsable, qui ont mis un terme à la fixation d'un prix national du lait. Il oublie que c'est la loi de modernisation de l'économie qui a donné sa toute-puissance à la grande distribution contre le monde agricole ! C'est cette politique qui fragilise le revenu des agriculteurs, c'est cette politique qu'il convient de changer.
L'annonce d'un plan artificiellement gonflé de mesures déjà prévues ne changera rien. Le Président flatte des idées ringardes et productivistes, ignorant les défis auxquels est confrontée l'agriculture. Nous avons de la chance : les autres pays européens ont des chefs d'État ; la France, elle, a un magicien !
Monsieur le Premier ministre, quand allez-vous rompre avec les vieilles lunes et proposer des perspectives durables aux agriculteurs ? (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)