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Intervention de Frédéric Mitterrand

Réunion du 7 octobre 2009 à 11h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Frédéric Mitterrand, ministre de la culture et de la communication :

Si, pour des raisons, non pas d'appréciation politique divergente mais de trop grande brièveté, l'une de mes réponses devait être jugée insatisfaisante, je serais très content de la préciser par écrit.

Il ne sera pas touché aux crédits de 400 millions d'euros annuels prévus en faveur du patrimoine.

En matière de maîtrise d'ouvrage, deux institutions ont été réunies, l'EMOC (Etablissement public de maîtrise d'ouvrage des travaux culturels) et le SNT (Service national des travaux). Le travail suit son cours dans de bonnes conditions, sans difficultés à l'intérieur des deux structures. Le nouveau patron, M. Christophe Vallet, est tout à fait expérimenté. L'efficacité devrait être au rendez-vous.

J'ai réagi avec force dans l'affaire des pouvoirs des architectes des bâtiments de France. Une commission, dont le rapporteur général est M. Thierry Tuot, a été mise en place. La remise de ses résultats devrait permettre des évolutions intéressantes.

J'attache la plus grande importance au financement de l'enseignement artistique et je veillerai à ce qu'il demeure sécurisé.

J'attends de savoir ce qui résulte de la mise en oeuvre des propositions de la commission Balladur sur la réforme des collectivités territoriales et je présenterai le moment venu la position que je souhaite prendre.

Monsieur Françaix, vous avez raison sur un point. Le lecteur doit être mis au coeur de la deuxième étape de la politique vis-à-vis de la presse.

Le photojournalisme n'est ni le reportage, ni le journalisme. C'est une activité essentielle. Pour simplifier, c'est ce que la haute couture est à la mode, le laboratoire où se forme un type de communication artistique particulier. Les professionnels de ce métier doivent pouvoir partir six mois, pour ensuite présenter un travail ne ressemblant à aucun autre. Tout à coup, la vision subjective de l'artiste apparaît, ainsi qu'un véritable dialogue sur un événement historique. Il y a vingt ans, j'ai moi-même réalisé un film sur l'agence Rapho.

J'étudie les moyens de créer une sorte de caisse de compensation permettant d'aider les photojournalistes et de servir d'agence pour leur trouver des débouchés supplémentaires. La crise de la presse ravage ce métier ; seuls le Figaro-Magazine, Géo et quelques rares revues y ont aujourd'hui recours. Le scepticisme sur l'avenir de ce métier est généralisé. Il faut une énergie farouche pour faire comprendre que le photojournalisme n'est pas mort, et qu'il fait partie intégrante du paysage culturel français ; je vais le défendre.

Le cas de l'agence Gamma est cependant particulier. L'une des raisons de la crise du photojournalisme est aussi l'enkystement de certains comportements ; les coûts administratifs de certaines agences sont devenus trop importants par rapport à ceux des journalistes. Il n'est pas exclu – je n'ai pas étudié ce point à fond – que la situation de l'agence Gamma soit due à l'action conjuguée de la crise générale du métier et d'une situation spécifique où la gestion n'aurait peut-être pas été suffisamment efficace. Je vais recevoir très prochainement les photographes de l'agence Gamma. J'ai déjà rencontré quelques-uns d'entre eux.

La pratique culturelle peut être collective : les spectateurs d'un film drôle rient à la fois ensemble et seuls. Un spectacle peut aussi être partagé avec des amis chers. Mais la pratique culturelle relève également de l'ordre de l'intime : écoute individuelle de musique, lecture d'un livre. Il ne faut pas qu'une pratique particulière soit privilégiée par rapport à une autre. L'une de mes ambitions est que l'ensemble des personnes aux pratiques culturelles modestes, celles qui chez elles jouent de la musique ou peignent, qui ne seront jamais de grands maîtres mais trouvent dans leur art un moyen d'expression personnel, seules, en famille ou même dans des institutions, se sentent valorisées. Je recherche en ce moment l'institution, le label, les concours, le mouvement qui permettra à chacune d'entre elles de se dire qu'elle n'est pas seulement un peintre du dimanche mais qu'elle essaie d'exprimer quelque chose à quoi elle tient. Les pratiques culturelles personnelles doivent être autant valorisées que celles qui sont reconnues par la collectivité.

Ne vous inquiétez pas, le prix unique du livre reste sanctuarisé. En revanche, la question du prix futur du livre numérique est posée. Nous travaillons à ses modalités de fixation. Nous sommes en train d'aboutir.

Je partage tout à fait l'idée que la télévision est un moyen de soutien de la culture et de révélation du patrimoine. Vous vous souvenez bien sûr de ces émissions extraordinaires sur les chefs-d'oeuvre en péril, il y a vingt-cinq ans. Des émissions de ce type doivent de nouveau être réalisées. Il faut persuader le service public de le faire. Lors de mon passage à TV5, j'avais mis en place de tels programmes. Ils avaient beaucoup de succès.

Je tiens à assurer le financement de la formation artistique comme celui des autres actions. En revanche je ne peux encore vous donner une réponse précise au regard des enjeux auxquels il faut répondre. La France comporte trente écoles d'architecture. Une centaine d'écoles d'enseignement artistique dépendent directement du ministère de la culture. J'ai le projet de tout remettre à plat.

Je ne connaissais pas l'existence du festival Hellfest. J'en suis désolé, cela m'a manqué. Mais l'opérette aussi est ignorée en France ; j'en suis un grand amateur ; Benoît Duteurtre a montré le caractère remarquable de ce genre musical. Il ne s'agit cependant pas d'opposer opérette et rock métal ; j'ai été initié au rock métal à France Culture, par l'un de mes assistants qui en était un fanatique amateur. Monsieur Roy, dites-moi où se déroule ce festival : j'irai !

L'un des membres de mon cabinet est désormais spécialement chargé des métiers d'art. Nous souhaitons revaloriser cette filière. Dès la semaine prochaine, nous allons rencontrer M. Hervé Novelli, dont ce secteur dépend également. Il faut remettre en valeur les diplômes de métiers d'art, voire, dans certains domaines, en créer. Des formules anciennes, dont celles des compagnons ou du concours de meilleur ouvrier de France, doivent être également revalorisées. Obtenir le titre de meilleur ouvrier de France, après s'être formé avec un maître, est un motif de fierté légitime.

Monsieur Kert, je suis ravi que vous partagiez le jugement que je porte sur M. Colardelle.

Nous allons réfléchir aux moyens d'identifier les crédits destinés à l'éducation artistique.

Le budget des DRAC ne sera pas réduit. Les DRAC savent quelle importance j'attache à leur travail. En revanche, il n'est pas exclu de modifier la répartition des crédits entre elles. Que les DRAC de la Martinique ou de la Guadeloupe ne disposent que de 4 millions d'euros, soit vingt fois moins que d'autres, est pour moi insensé.

Madame Boulestin, vous avez raison. L'intitulé de la nouvelle direction générale des médias et des industries culturelles répond à l'importance de l'un et de l'autre secteur : que faire sans les industries culturelles ? Cependant, votre objection selon laquelle une dénomination aussi technique ne convient pas à une structure qui inclura aussi la lecture et le livre mérite tout à fait d'être retenue.

Enfin, je ne connais pas encore suffisamment bien la question des langues de France. Tout juste ai-je acheté un dictionnaire de platt. Disposant d'attaches à Sarreguemines, je souhaite en effet apprendre cette langue. Une commission a été créée, le Premier ministre va proposer des décisions. Je reviendrai alors vers vous.

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