Monsieur Rogemont, l'allusion à votre séjour à la Villa Médicis m'a fait plaisir.
Le budget du Conseil pour la création artistique – 10 millions d'euros pour 2010 – est financé en sus du budget de la culture, par abondement à partir du budget du Premier ministre.
Je ne peux laisser dire que les membres de ce Conseil se serviraient les premiers. Chacun d'eux, c'est vrai, s'intéresse d'abord à ce qu'il connaît le mieux. L'élaboration des dix projets n'est pas encore achevée. Quels que soient ceux que le Conseil décidera de privilégier, il sera tenu par les limites du budget qui lui est imparti.
Je ne puis non plus vous laisser dire que je délaisse les régions. L'attention que je leur porte ainsi que mes déplacements de cet été démontrent le contraire. Signant personnellement tous les parapheurs – le diable est dans les détails ! –, je surveille l'attribution de crédits aux opérations : j'ai ainsi rattrapé par exemple celle consacrée au canot de sauvetage d'Ouessant, abandonnée par l'administration comme si personne n'y avait lu Les travailleurs de la mer. Et j'ai longuement reçu les directions régionales des affaires culturelles. Le directeur adjoint de mon cabinet, Mathieu Gallet, a entrepris de toutes les visiter. Je ne crois pas qu'une démarche aussi systématique ait déjà été engagée. Ma porte leur est ouverte. Je suis leur activité avec précision. Je veux absolument disposer de comptes rendus précis du travail qu'elles accomplissent. Les régions, ce que l'on appelait autrefois la province, sont au coeur de mes préoccupations.
Je vous accorde que l'expression de « culture sociale » est une tautologie. Si je l'utilise, c'est que je veux que rien du champ de la culture n'échappe à l'attention du ministère.
Le projet de la Philharmonie est appuyé pour moitié par la ville de Paris. À aucun moment M. Delanoë n'a remis en cause cet apport. À nous, État, de trouver l'autre partie du financement. Nous recevons en ce moment les appels d'offre ; nous ne connaissons donc pas encore parfaitement le coût final mais il ne dépassera pas, bien sûr, les sommes que vous avez évoquées.
De plus, il n'est aucune capitale européenne sans une Philharmonie digne de ce nom. La France ne valorise sans doute pas comme elle le devrait l'extraordinaire offre musicale des orchestres français, ceux de Paris – ils sont quatre – ou des régions, à Lille, Toulouse… Tous attendent la Philharmonie. Lorsque, très récemment, j'ai assisté au quatrième bis de Daniel Barenboïm à la Philharmonie de Berlin, devant une salle comble, j'ai été extrêmement fier pour les Allemands qu'ils puissent offrir cela à leur public. Or si Berlin compte trois millions d'habitants, le Grand Paris en comptera 12. Même si la culture musicale est peut-être mieux enracinée en Allemagne, Paris peut bien avoir une Philharmonie.
Nous allons régler, très correctement et dans la transparence, le dossier de la salle Pleyel. Nous disposons déjà de demandes de location, pour un tarif très convenable, sans dégradation de la qualité de la salle. Ce loyer servira à compléter le budget de la Philharmonie. La personne chargée de sa préfiguration est remarquable. Nous devons être fiers de la qualité des agents culturels français, comme, exemples parmi d'autres, Henri Loyrette au Louvre, Guy Cogeval au Musée d'Orsay, Laurent Bayle pour la Philharmonie. Ils travaillent pendant de longues années sur les projets dont ils sont chargés ; ils doivent savoir que le ministre de la culture est à leurs côtés.