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Intervention de Marcel Rogemont

Réunion du 7 octobre 2009 à 11h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarcel Rogemont :

Je vous remercie d'avoir, en Italie, facilité mon travail de rapporteur pour avis des crédits de votre ministère. J'aimerais pouvoir en dire autant pour la France : en effet, la moitié des questions que j'ai posées à ce titre restent sans réponse à ce jour. La présente audition aurait aussi été facilitée si l'Assemblée nationale avait pu disposer du dossier de presse de présentation de votre budget, sinon le 2 octobre, en tout cas avant le 6 à 18 heures.

Je poserai deux questions sur le fonctionnement et le financement du Conseil de la création artistique.

En lieu et place des conseils qu'on pouvait en attendre, nous trouvons une série de dix actions. Elles constituent autant de contributions sans doute essentielles à la politique de votre ministère ; je pense à l'action visant à facilité l'accès de tous à l'art contemporain – voilà qui est révolutionnaire ! – ou à la création d'une école de cinéma dans une péniche…

Surtout, les exemples du Quartz ou de la Cité de la musique montrent que les financements du Conseil vont à ses membres. Il faut en être pour passer au guichet ! Peu de cas est ainsi fait des actions de médiation culturelle issues des initiatives, nombreuses, conduites dans les régions ; pourtant, comme j'ai pu le constater en Provence-Alpes-Côte d'Azur, beaucoup d'entre elles valent bien celles proposées par le conseil. La France ne se réduit pas à Paris et à sa banlieue. Indépendamment de la qualité des propositions – pour la Cité de la musique, elle est indéniable –, le fonctionnement du Conseil permet finalement à ses membres de « se servir avant de servir ». L'éthique aurait voulu que d'autres initiatives de médiation culturelle, notamment en faveur des banlieues ou des quartiers en difficulté situés hors de la région parisienne, puissent être prises. Les membres du Conseil pour la création artistique ne devraient pas pouvoir bénéficier de ses initiatives.

D'autre part, issu d'une initiative du Président de la République, pourquoi ce Conseil n'est-il pas financé par des crédits de la Présidence ? On sait certes qu'une partie des financements, notamment des actions en faveur de la jeunesse, proviennent du haut-commissariat aux solidarités actives. Il reste que l'Assemblée nationale souhaite que lui soient communiquées des informations extrêmement précises sur le coût de fonctionnement du Conseil pour l'année 2009, et sur les crédits dont il va bénéficier en 2010. Il paraît impossible qu'aucune des dix initiatives prises n'intéresse le ministère de la culture ; je souhaite connaître très précisément les volumes financiers mobilisés et les lignes budgétaires sur lesquels ils s'imputent.

Au total donc, on peut s'interroger sur l'utilité du Conseil pour la création artistique – ou sur celle de votre cabinet.

Chaque fois que des adjectifs ont été ajoutés au mot « culture », l'objectif a été soit d'assigner des objectifs à la culture, soit, la plupart du temps, de réduire la portée de ce concept. Mon avis est donc réservé sur la notion de culture sociale. Même si l'on peut légitimement travailler à diffuser la culture dans la société et lui assigner une fonction sociale, est-il besoin d'ajouter cet adjectif ?

Pour que la création vive, quelques moyens supplémentaires sont nécessaires. Avec un budget en augmentation de 0,4 %, comment les initiatives nouvelles que vous avez évoquées pourront-elles être financées ? Alors que la tendance n'est pas à l'augmentation des crédits, les charges supportées par les scènes nationales et les centres dramatiques nationaux augmentent de plus de 0,4 %. Je retiens de mes déplacements en région la diminution du nombre de compagnies ainsi que des subventions moyennes par compagnie. Cela m'incite à m'interroger sur certains de vos projets. Ainsi, à Paris, après avoir vendu, loué, puis, cette année, racheté la salle Pleyel, vous proposez la création d'une Philharmonie, pour un coût de 250 millions d'euros dont 120 pour l'État ; la charge de fonctionnement d'une structure, nous le savons tous, est d'environ 20 % de son coût. Affecter une partie des crédits de fonctionnement de la salle Pleyel à la Philharmonie ne suffira pas. Il manquera encore dix millions environ. Disposerez-vous de crédits supplémentaires ?

Malgré son aura, le festival d'Avignon ne bénéficie que d'un financement public et d'un budget très inférieurs à ceux de festivals de Salzbourg ou Athènes. L'ingéniosité de ceux qui le portent ne pourra pas toujours suppléer l'insuffisance des crédits nécessaires.

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