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Intervention de Frédéric Mitterrand

Réunion du 7 octobre 2009 à 11h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Frédéric Mitterrand, ministre de la culture et de la communication :

Je reconnais que cela ne saurait être guère plus qu'une rustine : il s'agit d'évolutions historiques et de mutations sociologiques, et je ne suis là que depuis quatre mois ! Cela dit, mon cabinet compte quelques spécialistes extrêmement déterminés à résoudre cette question ; je multiplie moi-même les entretiens avec les directeurs de journaux, jusqu'aux publications les plus modestes. Si l'État manifeste fortement sa volonté d'agir dans ce domaine et si le ministère renforce sa communication en direction des jeunes sur cette question, nous pouvons déjà modifier le contexte intellectuel du problème. J'espère être à même de vous apporter, lors de notre prochaine rencontre, des solutions pratiques. Mais il serait inconsidéré de ma part de prétendre résoudre tout à coup un problème qui traîne depuis des années.

La réforme de L'AFP pose des questions similaires. Il s'agit d'une institution admirable, servie par des journalistes et des agents de premier plan, dont la vocation est de rendre compte à chaque instant et en détail de l'état du monde, et qui joue un rôle considérable en faveur de la liberté d'information. Mais sa forme juridique et ses moyens ne sont plus adaptés aux évolutions de l'information et ne lui permettent pas de soutenir la concurrence des grandes agences anglo-saxonnes. Je vous renvoie à l'entretien de Bill Gates avec le patron de l'AFP, où l'Américain se demandait comment l'agence pouvait fonctionner avec une structure aussi inadaptée. C'est, paradoxalement, rendre hommage au travail des employés de l'agence ! Le projet de réforme de l'AFP fait actuellement l'objet de réflexions : elles auront, pour aboutir, besoin de temps, de transparence et d'échanges démocratiques.

Au sujet du Grand Paris, je veux dire en préambule que j'entretiens les meilleures relations avec Christian Blanc : l'homme des accords de Nouméa a toute mon admiration. Vous avez raison de dire que l'architecture est au coeur du projet, même si ce sont pour l'instant les questions de transports, d'infrastructures ou de relations avec les élus qui occupent le devant de la scène.

L'atelier du Grand Paris, voulu par le Président de la République et qui doit réunir dix équipes d'architectes, est en cours de création. Je passe un temps considérable avec ces équipes, et mon cabinet compte, en la personne d'Ann-Josée Arlot, une femme qui a toute leur estime et qui a une connaissance intime de l'architecture. De surcroît, j'ai obtenu de Christian Blanc et des architectes d'être en quelque sorte leur messager permanent et de plaider leurs dossiers. Le Grand Paris ne se fera pas sans eux. J'ai pu observer, au cours de mes visites dans les villes nouvelles, que le résultat était très différent selon que les architectes avaient pu peser ou non sur les décisions prises. J'observe à cet égard que les architectes français ont semé à travers le monde des oeuvres admirables.

Vous avez à juste titre rappelé les nobles sentiments qui animent le Conseil pour la création artistique, convenant que vous les partagiez. Connaissant Marin Karmitz depuis quarante ans, ce qui réduit les risques de frottements entre nous, je peux vous dire que c'est un homme remarquable, qui aurait fait un très bon ministre de la culture et de la communication ! Ce Conseil, fort d'autres personnalités remarquables et doté d'une enveloppe de dix millions d'euros, qui ne proviennent pas du budget de la culture, je le vois comme une boîte à outils permanente qui a pour vocation d'enrichir le fonctionnement de mon ministère. Pourquoi cela devrait-il me gêner ?

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