Comparé aux budgets norvégien, suédois ou allemand, notre budget CIMIC est très peu élevé. Pour ce qui concerne l'Afghanistan, les Allemands y consacrent beaucoup plus que nos 50 millions. En revanche, notre effort militaire n'est pas le même que celui des Allemands.
Il faut abandonner l'idée que ce qui se passe en Afghanistan est un conflit du type conflit est-ouest, avec une ligne de front et des zones qui, dès lors qu'elles sont reconquises, permettent d'afficher un espace de sécurité et de liberté. Même dans les vallées tranquilles, où ont été restaurées la confiance et la coopération avec les populations, on n'est jamais à l'abri d'un engin explosif, d'une incursion de talibans.
La population afghane doit percevoir notre présence non comme une force d'occupation, mais comme un bienfait. La semaine dernière, des militaires m'ont expliqué pouvoir se déplacer sans équipement militaire et sans gilet pare-balles dans une petite ville où nous avons construit une école. Cela a représenté deux ans de travail. Il faut moins s'occuper des talibans que des populations, qui nous soutiendront si nous nous inscrivons dans une démarche de construction, de respect des familles et des traditions. Grâce à une pression des populations sur les talibans et les insurgés, nous serons en mesure de progresser en Afghanistan. Cela veut dire qu'il faut sortir les militaires des bases, créer les conditions pour que l'armée nationale afghane prenne le contrôle des zones, et que nous devons être présents pour appuyer l'aide au développement et la construction d'infrastructures.
Même si elle est parfois inquiétante, la situation en Afghanistan est loin d'être perdue : certains réseaux routiers de ce pays sont maintenant parfois bien meilleurs que nos réseaux départementaux ; 6 millions d'enfants ont été scolarisés ; des universités ont pu rouvrir. Les Russes eux-mêmes sont prêts à coopérer davantage avec nous pour aider au développement et à la reconstruction, parce qu'ils savent que se joue en Afghanistan une partie de la stabilité de leur zone d'influence. Bref, le discours consistant à dire qu'il faut partir de ce pays est à mon sens totalement irresponsable.
S'agissant des réservistes, l'objectif est d'arriver au plan tel qu'il avait été présenté : 40 000 réservistes et 25 jours d'activité. Des gels de crédits ont été nécessaires à partir de septembre-octobre 2008, mais avons essayé de faire mieux en 2009.
Les surcoûts liés aux OPEX, de 870 millions d'euros en 2009, passeront à 800 millions l'année prochaine. Les chiffres pour 2009 sont les suivants : 400 millions pour l'Afghanistan ; 100 millions pour le Tchad ; 70 millions pour l'Eufor Tchad contre 109 millions en 2008 – et le chiffre devrait bientôt s'approcher de zéro ; 85 millions pour le Liban ; 80 millions pour le Kosovo contre 100 millions en 2008 ; 70 millions pour la Côte-d'Ivoire contre 110 millions en 2008 – et la courbe s'infléchira également, M. Gbagbo nous promettant des élections depuis trop longtemps !
En ce qui concerne les bases de défense, il est trop tôt pour vous répondre. Cela dit, j'ai abandonné l'idée de créer une base propre à la Légion étrangère, car ce n'est pas une bonne idée : la Légion étrangère sera intégrée dans la base de défense de Marseille.
La question de Paris est compliquée, car cela concerne énormément de monde. Mais je m'engage à vous fournir un tableau dès que possible.
Pour ce qui est des renseignements, nous continuons l'effort, avec 150 personnels de plus au titre de la DGSE, et la substitution de personnels des catégories C et B par des personnels de catégorie A, notamment des linguistes, pour lutter contre le fléau que représente le développement d'Al Qaida au Maghreb – et la tâche s'étend au Mali, à la Mauritanie, au Niger et jusqu'au Soudan. Nous faisons des efforts énormes pour lutter contre les volontés permanentes d'infiltration et les opérations terroristes en Europe.