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Intervention de Anne Lauvergeon

Réunion du 17 septembre 2009 à 11h00
Commission des affaires économiques

Anne Lauvergeon, présidente du directoire d'Areva :

85 points de base au-dessus du taux sans risque pour celles à sept ans et 115 pour celles à quinze ans.

Après quoi, l'agence de notation Standard & Poor's a maintenu sa notation « A » pour le long terme et « A1 » pour le court terme.

Nous avons lancé le processus de vente de T& D en recherchant le mieux disant financier et le meilleur projet industriel et social. Les offres nous parviendront vendredi soir, et la décision de céder ou de ne pas céder cette filiale sera prise en fonction de la qualité des projets présentés. Si les offres reçues ne sont pas assez attractives, nous considérerons que le moment de vendre n'est pas le bon. Nous envisageons par ailleurs la cession de nos participations minoritaires dans ST Microelectronics et dans Eramet, avec des reclassements au sein du secteur public puisqu'il s'agit de deux entités stratégiques.

En conclusion, Areva est engagé dans une formidable dynamique industrielle sur laquelle la crise n'a pas eu de conséquences. Le groupe recrute et investit beaucoup en France. Il fait la course en tête et veut accélérer son développement pour creuser l'écart car ses concurrents accélèrent eux aussi, notamment en copiant notre modèle. Vous pouvez compter sur notre détermination.

Il me faut, pour répondre à la question portant sur les relations avec Siemens, revenir un peu en arrière. Je rappelle que, dans les années 1990, Français et Allemands se sont mis d'accord pour créer l'EPR en réunissant les forces de deux entreprises concurrentes pour fabriquer un réacteur correspondant aux besoins des deux pays. Les deux autorités de sûreté concernées ont indiqué leurs exigences, les électriciens EDF et E.ON leurs besoins. C'est ce qui a fait le succès de l'EPR : il répondait à des besoins rigoureusement prédéfinis. Mais, comme vous le savez, en 2000-2001, l'Allemagne a décidé la sortie du nucléaire, prévue pour être achevée en 2019 – ce qui laisse songeur : si le nucléaire est dangereux, pourquoi ne pas sortir tout de suite ? –, par phases successives. Plutôt que de céder ses actifs en bloc à Framatome – plutôt qu'à Westinghouse, le concurrent de Framatome –, Siemens a prévu plusieurs fenêtres pour sortir du consortium en 2009, 2010 et 2011. Toutefois, en 2004-2005, Siemens s'est rendu compte que sortir du nucléaire n'était pas une bonne idée. Il a donc voulu prendre une part dans le modèle intégré au-delà de la seule filiale Areva NP et, en 2009, a fait une proposition en ce sens, à laquelle les gouvernements français qui se sont succédé n'ont pas répondu.

Dans le même temps, nous avons appris que des discussions étaient en cours entre Siemens et Rosatom, opérateur nucléaire russe. Rosatom est l'un de nos concurrents significatifs, en particulier parce qu'il dispose d'une main-d'oeuvre extrêmement qualifiée et d'un vivier d'excellents physiciens. Cela étant, Rosatom propose un système qui n'est pas totalement intégré, et l'Histoire permet de comprendre que ce groupe puisse avoir quelques problèmes de marketing.

Siemens sort d'Areva avec de l'argent, certes, mais sans rien d'autre : ni compétences dans le nucléaire, ni personnels, ni technologies, ni propriété intellectuelle. Dans ces conditions, redoutons-nous l'entité Rosatom-Siemens ? Nous craignons Rosatom parce qu'il faut toujours craindre ses concurrents, mais pas particulièrement l'alliance Rosatom-Siemens. Le volet géopolitique de l'affaire est une autre question.

Par ailleurs, Areva a engagé des partenariats avec Rosatom. Nous avons ainsi équipé une de leurs centrales d'un système de contrôle-commande Areva – opération pour laquelle il nous a été demandé de venir sans Siemens.

Enfin, l'accord entre Areva et Siemens prévoyait une clause de non-concurrence dans le domaine nucléaire, clause que Siemens conteste. La question sera donc soumise à un arbitrage.

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