Madame la ministre, monsieur le ministre, j'en suis à mon troisième mandat de député mais, jusqu'à présent, je n'étais jamais intervenu dans la discussion générale d'un projet de loi de finances, préférant m'exprimer à propos de postes budgétaires spécifiques.
Si je le fais aujourd'hui, c'est pour mettre en garde contre l'acceptation des dépenses telles qu'elles figurent dans votre projet de loi. La dette nationale était déjà abyssale ; elle le sera encore plus à la fin de l'année 2010. Son accroissement est sans fin depuis près de trente ans, et son poids sera insupportable pour nos enfants et petits-enfants.
J'ai conscience, en vous disant cela, de ne pas vous être d'une grande aide. En revanche, partageant votre volonté et celle du Président de la République de ne pas augmenter les impôts et les taxes, je vous encourage à rester fermes sur les dépenses : n'en acceptez pas une de plus que celles que vous nous proposez et, surtout, étudiez la plus grande part des propositions de mes collègues, notamment les spécialistes de la commission des finances.
Comme vous, madame la ministre, je suis issu du privé. J'ai eu la responsabilité de comptes d'exploitation, qu'il ne me serait pas venu à l'idée de présenter « dans le rouge » à mes patrons ou actionnaires.
Par ailleurs, pendant sept ans, de 2001 à 2008, j'ai géré une grosse ville de plus de 100 000 habitants, Argenteuil. Comme vous-même, j'ai hérité d'une lourde dette, d'autant que moins de 10 % des dépenses étaient des dépenses d'investissement.
Dès la première année de mon mandat et mon premier budget, j'ai exigé de mes adjoints et de mes services qu'ils me proposent un budget économisant 10 % des dépenses de fonctionnement, hors masse salariale. Élus et directeurs firent, tout d'abord, la grimace, mais l'objectif fut atteint puisque le compte administratif révéla une économie réelle de 8,5 %.
Ce résultat fut préservé pendant tout le mandat, brisant ainsi la spirale infernale qui, avec une augmentation de 50 % des impôts locaux, avait marqué la précédente mandature.
Cette rigueur nous a permis, sans augmenter, de toute la durée de notre mandat, les taux d'imposition, d'investir cinq fois plus que nos prédécesseurs. Certes, le montant de la dette que nous avons laissée était élevé, mais il ne dépassait pas celui de la dette dont nous avions hérité.
Bien entendu, le budget de l'État n'a rien à voir avec celui d'Argenteuil. J'aborde donc ce sujet avec humilité.
Le contexte mondial ne vous facilite pas la tâche mais c'est justement dans ces moments de tempête qu'il faut tenir la barre.
En résumé, madame la ministre, monsieur le ministre, soyez fermes pendant toute cette discussion et continuez la chasse aux dépenses. Vous aurez alors toute la majorité pour vous soutenir. Bon courage dans cette rude tâche !