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Intervention de Karen Abu Zayd

Réunion du 14 octobre 2009 à 10h00
Commission des affaires étrangères

Karen Abu Zayd :

Dans la mesure où le mandat de l'agence est limité à des actions destinées aux réfugiés, elle a pour interlocuteurs les Etats d'accueil des réfugiés, avec lesquels elle conduit un travail technique – par exemple, sur l'enseignement secondaire qui est de la compétence des Etats alors que l'agence veille à l'organisation de l'enseignement primaire –, et des organisations internationales qui mènent des actions complémentaires à la sienne. La division du travail entre les différents intervenants est très claire et il n'y a pas de chevauchement.

La reconstruction de Gaza est en effet rendue très difficile par la nécessité de négocier l'entrée du moindre matériau nécessaire, bien que beaucoup d'entreprises offrent leurs services. L'agence dispose de 30 ingénieurs, mais la rareté des chantiers en cours a conduit à ce que 15 d'entre eux quittent temporairement la région pour travailler au Tchad.

Afin de combattre le comportement guerrier que les enfants adoptent spontanément, l'agence organise des camps d'été où les jeux sont pacifiques, afin d'amorcer un changement dans leur mentalité.

La baisse des dons enregistrée en 2008 ne me semble pas liée à la mise en place de critères de conditionnalité, mais plutôt à la crise financière qui a conduit certains donateurs à se montrer moins généreux. Un seul d'entre eux n'a versé aucune aide cette année, à la suite d'un changement de gouvernement. Les Etats-Unis ont, en revanche, augmenté leur contribution de 80 millions d'euros. Il faut aussi tenir compte de la hausse continue des besoins de l'agence qui, pour faire face aux urgences, est bien souvent obligée de ponctionner le fonds général.

Le changement à la tête de l'Etat israélien n'a pas eu d'effet sur les interlocuteurs israéliens de l'agence, avec lesquels elle a des contacts très réguliers.

Il est certain que sans les tunnels et le ravitaillement qui les emprunte ne seraient possible ni la vie à Gaza, ni le travail de l'agence qui fournit exclusivement des produits alimentaires et des médicaments, ce qui ne suffit pas pour vivre.

C'est justement parce que tout est politique dans cette région que l'agence fait très attention à éviter les confusions, notamment quand elle mène des campagnes de promotion des droits de l'Homme. Sa seule préoccupation est d'apporter un secours humanitaire aux Palestiniens et de leur permettre de se forger un avenir, notamment grâce à l'éducation. Elle a aussi prêté 150 millions de dollars à des entrepreneurs indépendants palestiniens au cours des dix dernières années. Il s'agit d'une aide à l'autonomie que les bénéficiaires remboursent. Elle fonctionne très bien, notamment auprès des femmes. Nous l'avons d'abord mise en place dans les territoires palestiniens avant de l'étendre aux réfugiés de Syrie et de Jordanie.

L'agence coopère avec Handicap international, dont l'action est complémentaire à la sienne. Ensemble, ils ont mené à bien le déminage d'un camp au Nord du Liban. A Gaza, l'agence collabore avec l'association Action Mines, qui veille notamment à mettre en garde les populations, dans la mesure où toutes les mines n'ont pas été localisées.

Je n'ai pas d'information sur la tentation éventuelle de certains hommes politiques libanais de modifier les équilibres religieux au Liban par l'accession à la nationalité de réfugiés palestiniens.

Depuis 2006, l'agence milite pour qu'aucun groupe ne soit exclu de la table des négociations car ce type d'exclusion pousse vers l'extrémisme. Au sein même du Hamas, les extrémistes deviennent de plus en plus puissants, en particulier à Gaza. Il est urgent de leur permettre de participer aux discussions.

Le discours officiel israélien est effectivement différent de la réalité du terrain. Par exemple, avant la deuxième Intifada, l'agence pouvait faire entrer 1 200 camions par jour dans la bande de Gaza. Ce nombre a été réduit à 500 pendant la deuxième Intifada et il est aujourd'hui limité à 70 à 100 camions par jour. Sans porter de jugement, je rappellerai seulement cette formule fameuse : « Les Etats ont une armée ; en Israël, l'armée a un Etat ».

Les activités économiques à Gaza sont considérablement entravées. Les bonnes terres sont le plus souvent situées près de la frontière et on empêche les agriculteurs d'y accéder. Quant aux pêcheurs, ils ne peuvent s'éloigner de plus de deux kilomètres des côtes.

Pour ce qui est de la colonisation, nous n'avons pas constaté de changement à Jérusalem-Est où 150 maisons palestiniennes seront bientôt détruites, conformément à ce qui était prévu. Il me semble que les deux questions à traiter en priorité dans le règlement final doivent être la situation des réfugiés et la colonisation.

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