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Intervention de Karen Abu Zayd

Réunion du 14 octobre 2009 à 10h00
Commission des affaires étrangères

Karen Abu Zayd :

Je vous remercie, monsieur le président. Vous avez donné une bonne introduction sur le travail de l'UNWRA qui s'occupe de quelque 4,6 millions de réfugiés. 29 000 personnes travaillent à leur venir en aide, enseignants, travailleurs sociaux, etc. Nous avons trois types de budgets. Le budget régulier, qui couvre les services de base, l'éducation, la santé, le développement des infrastructures ; les budgets d'urgence, pour des actions sur Gaza, la Cisjordanie ou le Liban ; enfin, des budgets pour les projets que nous mettons en oeuvre au sein des camps de réfugiés. En tout, cela représente un total d'environ 1 milliard de dollar par an.

Je voudrais vous exposer les problèmes que nous rencontrons dans les Territoires palestiniens. En ce qui concerne Gaza, tout d'abord, la situation est toujours la même ; il y a toujours des barrages, l'aide ne parvient pas à ses destinataires et les projets n'avancent pas. Tout ce qui est considéré comme inutile par Israël est bloqué. Nous avons pu faire passer de quoi réparer quelques uns des bâtiments, endommagés, mais il reste énormément à faire. L'économie de Gaza est une économie de tunnels, en ce sens que l'essentiel de l'approvisionnement arrive par cette voie. On ne peut pas mener des travaux de reconstruction d'envergure dans ces conditions. Les effets sur la population sont terribles, il y a une grande frustration ; les habitants essaient malgré tout d'avoir une vie normale, d'envoyer leurs enfants à l'école, etc. Pour notre part, nous tentons de les aider comme nous pouvons, sur le plan de l'éducation par exemple, ou de traiter des questions relatives au handicap ou autres, mais il n'y aucune attente quant à l'avenir, sinon un grand désespoir de la part d'une population qui essaie de survivre, désabusée, en colère face aux négociations qui s'éternisent sans avancer ni déboucher.

Pour la Cisjordanie, il y a quelques signes plus positifs au niveau économique, en ce qui concerne les villes principales, en termes de sécurité aussi, mais cela n'a pas d'effets sur la situation des réfugiés dans les camps, qui ne peuvent se déplacer à cause des barrages routiers et sont bloqués du mauvais côté de la barrière. C'est une population qui ne profite pas de nos efforts. Nous avons toujours des problèmes à Jérusalem Est, avec des démolitions et d'autres contraintes. On se demande toujours quels sont les espoirs pour ces populations.

Au Liban, notre souci principal porte sur le camp de Nahr El Bared qui a été détruit lors du conflit il y a deux ans : le camp est en cours de déblaiement et une section est prête a la reconstruction. Un problème a récemment surgi avec la découverte d'antiquités et des négociations sont en cours avec le ministère chargé des antiquités, pour pouvoir construire au-dessus. L'affaire a été portée devant les tribunaux mais des responsables politiques s'opposent à la reconstruction du camp. Nous espérons une solution à brève échéance pour pouvoir enfin reloger des populations qui vivent sous la tente depuis deux ans.

Enfin, dans les pays voisins, on ne parle pas autant de la question des réfugiés car ils sont bien traités par les gouvernements hôtes, comme les citoyens du pays. Ils ont les mêmes opportunités, mais ce sont des gens, qui pour un tiers d'entre eux, vivent néanmoins dans des conditions précaires, dans des camps vétustes, qui ont besoin d'être améliorés et pour lesquels on a pas de moyens suffisants.

Je voudrais souligner notre difficulté à lever des fonds : notre budget général pour l'essentiel sert à payer nos 29 000 employés qui fournissent les services sociaux. Malgré un travail important depuis trois ans vis-à-vis des donateurs, dans le cadre de la réforme du système des Nations unies, nous rencontrons des difficultés, compte tenu à la fois du nombre croissant de réfugiés et de la baisse générale des dons. Nous avons besoin de plus de fonds.

Je voudrais également mentionner deux autres problèmes, même s'ils sont hors de notre mandat, car ils nous concernent et ont un effet sur les services que l'on fournit aux réfugiés, ou en matière de droits de l'Homme. C'est tout d'abord le manque d'unité des Palestiniens, entre le Hamas et le Fatah, entre la Cisjordanie et Gaza, qui rend les choses très difficiles, notamment à Gaza. Les négociations en cours n'avancent pas aussi vite qu'on le souhaiterait. D'autre part, le rapport Goldstone, qui sera discuté demain au Conseil de sécurité, suscite, on le voit, beaucoup de réactions sur place.

Je crois que l'UNRWA est un élément important de la stabilité sur le terrain, qu'elle contribue à la paix et peut pousser à la négociation. La situation des réfugiés est une question importante dans ce cadre.

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