J'ai du mal à croire que votre activité intellectuelle soit insuffisante : nous savons bien que vous avez la possibilité de rédiger ces textes organiques.
Pourquoi, depuis un an et demi, a-t-on trouvé le temps de donner au chef de l'État la possibilité de venir solennellement à Versailles parler devant une assemblée muette, comme au temps de la monarchie, et pourquoi n'a-t-on pas trouvé le temps de formuler les textes nécessaires afin que l'article 11 nouveau puisse s'appliquer ?
Je ne sais quelle sera votre réponse. Mais je vous ai déjà entendu cette semaine : vous nous avez dit qu'il fallait du temps pour cette réforme difficile. Mais un an et demi, c'est bien long ! Et cela paraît d'autant plus long que le peuple, aujourd'hui, a envie de s'exprimer.
Les manifestations ont lieu dans les rues, mais elles n'ont pas beaucoup d'écho au niveau du Gouvernement ; les manifestants finissent par se lasser. Les grèves se déroulent, mais elles n'ont pas beaucoup d'écho chez ceux qui détiennent la finance et le pouvoir politique en ce moment ; les travailleurs finissent par avoir peur de faire grève. Alors que reste-t-il, dans une République qui veut, naturellement, éviter des débordements qui seraient fâcheux pour la démocratie ? Il reste le vote.
Il y aura les élections régionales. Mais le peuple pourrait aussi voter, grâce à la révision de la Constitution, qui n'a pas été faite pour complaire à quelque démocrate fervent…