Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, je vais demander une suspension de séance pour réunir mon groupe, car il y a quelque chose de choquant dans cette journée. Il y a trois députés UMP, cinq au maximum en séance, avec pour consigne de ne pas participer au débat ; un secrétaire d'État qui dit non à tout ; et un Président de la République qui a promis à tous. Il y a de quoi être choqué. Je rappelle un extrait de son discours du 23 octobre 2008 : « Il y a aujourd'hui dans le monde une exigence de moralisation, de transparence, de protection, d'équité, de régulation à laquelle il faut que les responsables politiques de la planète répondent. C'est notre responsabilité. Nous devons l'assumer, maintenant, pas dans six mois. » Et nous sommes maintenant en octobre 2009.
Je cite encore le Président, le 25 octobre à Toulon : « Je n'hésite pas à dire que les modes de rémunération des dirigeants et des opérateurs doivent être encadrés. Il y a eu trop d'abus. […] Il faut régler le problème par la loi, avant la fin de l'année. » Il s'agissait de 2008, pas de 2009.
Je rappelle enfin cette déclaration de Saint-Quentin : « Et je le dis comme je le pense » – on reconnaît là une formule typique de Nicolas Sarkozy, devenue dans sa bouche un véritable automatisme – « percevoir une grosse rémunération en cas d'échec, ce n'est pas responsable et ce n'est pas honnête. Distribuer des bonus dans une entreprise qui met en oeuvre un plan social, ce n'est pas responsable, ce n'est pas honnête. Je voudrais que chacun me comprenne. Il ne peut pas y avoir d'économie sans morale. Lorsqu'on est patron, on a le devoir d'être exemplaire, et ce devoir d'exemplarité est encore plus grand en temps de crise. Alors il ne doit plus y avoir de parachutes dorés, il ne doit plus y avoir de bonus, de distribution d'actions gratuites, de stock-options. »
Et, cerise sur le gâteau, cette semaine, le Président de la République rappelle les principes républicains du mérite : « Ce n'est pas la naissance qui doit permettre la promotion sociale, c'est le travail, c'est l'effort. »
En réalité, vous faites toujours le contraire de ce que vous affirmez. Monsieur le secrétaire d'État, comment pouvez-vous supporter une telle situation ? Comment l'UMP peut-elle continuer à se comporter ainsi, et à parler sans cesse de nouveaux droits du Parlement, alors que, chaque fois que nous avons l'occasion de débattre, de dialoguer, de confronter nos choix et nos solutions, ses députés sont absents, et vous utilisez la procédure ? Finalement, nous venons pour assister à une sorte de parodie. Nous ne l'acceptons pas. Nous n'acceptons ni le mensonge, ni les grands discours qui ne sont jamais suivis d'actes, ni la manière dont vous nous traitez.
Nous avons une décision à prendre. Pour la prendre et l'annoncer, monsieur le président, je demande une suspension de séance pour réunir mon groupe. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)