Votre pouvoir a péché par orgueil et par perte du sens de la mesure et de la justice.
On ne saurait discuter de sa propre circonscription, mais on saurait découper au nom de son seul pouvoir et parce qu'on en a le pouvoir ?
On ne saurait discuter de son propre cas, mais au nom de quelle indécence ? L'indécence n'est -elle pas dans cet abus de pouvoir que vous infligez à la carte électorale par votre méthode elle-même ?
N'aurait-il pas été plus respectueux de tous, et d'abord des électeurs grâce auxquels nous sommes ici ce soir, de confier à une commission réellement indépendante, composée de démographes et de géographes, le soin d'établir une nouvelle carte électorale qui respecte les équilibres et la diversité de notre pays ?
N'aurait-ce pas été le signe d'un pouvoir réellement respectueux de la démocratie et du pluralisme, mais surtout respectueux de la charge qui lui a été confiée par le peuple et par la Constitution ?
La grandeur et l'honneur des hommes d'État, c'est de savoir se placer au-dessus de leurs propres intérêts partisans, au-dessus de l'intérêt d'un clan, d'une caste, d'imposer le respect à son adversaire lui-même par la considération que l'on témoigne aux principes supérieurs, ceux de l'intérêt général. Ce sont les principes fondamentaux de notre République. Ce pacte républicain, c'est aussi la séparation des pouvoirs et le respect du pluralisme.
Ce gouvernement, qui ne sera, comme tous les pouvoirs, que temporaire, aurait été plus grand de savoir ne pas abuser de l'autorité des ciseaux pour tenter de museler la liberté des urnes.
Eh bien, puisque vous nous demandez de nous taire, puisque vous nous placez pendant les trois ans qui viennent dans la position de députés en sursis,…