Pourtant, ma circonscription est aujourd'hui explosée façon puzzle.
Je me suis battue et continuerai de le faire, face à la crise économique, à la destruction de l'industrie sidérurgique, aux accidents industriels, aux difficultés de la sous-traitance automobile ; pour les petites entreprises qui n'ont pas accès au crédit ; pour les sans-papiers qui ont besoin de papiers pour travailler ; pour les élèves handicapés qui n'ont pas accès à l'école qu'ils souhaiteraient ; pour les malades de l'amiante, de la sidérose, des cancers professionnels qui se battent pour leur reconnaissance dans ma région ; pour les maires des petites communes, qui luttent pour faire vivre leur territoire et qui n'ont pas forcément d'attaches partisanes. C'est à eux que je pense ce soir. J'aurais aimé pouvoir me représenter devant eux en 2012, pour leur demander de juger mon action. Je ne le pourrai pas.
Au gré de votre bon vouloir, vous aviez créé en 1986 cette huitième circonscription de Moselle, alors dessinée pour tomber dans l'escarcelle de la droite.
Au gré de votre bon vouloir, vous la supprimez aujourd'hui car elle a eu le tort, en 1997, à la faveur d'une triangulaire, de passer à gauche. Nous l'avons maintenue à gauche par les efforts et par le travail.
La Moselle, un million d'habitants, une terre industrielle, ouvrière, ne comptait que deux députés de gauche sur dix. C'était sans doute déjà trop aux yeux du Gouvernement. La Meurthe-et-Moselle, chez mon ami Hervé Féron, comptait trois députés socialistes sur sept, vous en avez supprimé un.
En Moselle, alors que la démographie est en faveur du nord du département, partagé entre la circonscription de mon collègue Michel Liebgott et la mienne, c'est là que vous avez tranché, en préservant les circonscriptions du sud et de l'est, pourtant beaucoup moins peuplées et moins dynamiques démographiquement.
La commission consultative et le Conseil d'État ont déploré ce déséquilibre démographique que vous avez introduit, mais vous n'en avez pas tenu compte, comme vous n'avez pas tenu compte de leur avis sur le dépeçage de deux cantons, celui de Yutz – la ville de Terville est extraite de la circonscription de Thionville Est pour être rattachée à la circonscription de Thionville Ouest, parce que le maire, un dissident, a eu l'audace de se présenter aux dernières élections contre le député UMP sortant et a donc été châtié –, et celui de Metz III, pour favoriser un député UMP actuellement élu dans la circonscription de Metz I. Aucun de ces découpages n'est justifié, ni aux yeux du Conseil d'État ni à ceux de la commission consultative présidée par Yves Guéna.
Puis-je me permettre, monsieur le secrétaire d'État, de vous interroger ? Si, le 17 juin 2007, M. Alain Missoffe, héritier de Wendel, alors candidat UMP, mon concurrent, l'avait emporté dans la huitième circonscription de Moselle, auriez-vous supprimé sa terre d'élection ?