Elle ne comptait aucun représentant des partis politiques, aucun géographe, aucun démographe ou sociologue, et la moitié de ses membres a été nommée par des responsables de droite ! Mais votre proposition était tellement éloignée des exigences du Conseil constitutionnel qu'elle n'a pu que refuser de vous suivre et a entièrement redessiné la carte parisienne. En toute logique, elle a redonné à la dix-septième circonscription sa forme originale.
Vous auriez pu en rester là et prendre acte de cet avis. Mais vous avez décidé de vous acharner et de poursuivre votre seul objectif : reprendre par les coups de ciseaux ce que vous aviez perdu par les urnes. Puisque vous ne pouviez plus dépecer cette circonscription, vous avez voulu la grignoter. Vous avez ainsi retiré un quartier du 18e pour le remplacer par un quartier du 8e. Ce quartier du 18e, que vous avez supprimé, est classé en politique de la ville. Il est coincé entre le périphérique et les boulevards des Maréchaux. L'un des objectifs des grands travaux de rénovation urbaine qui y sont actuellement menés est justement de le sortir de son isolement, non d'y ajouter de nouvelles frontières. En outre, aucun argument sérieux ne pouvait justifier de raccrocher un troisième arrondissement à cette circonscription et de couper, une fois encore, des quartiers administratifs. Alors, la commission Guéna vous a désavoué une seconde fois en émettant la « réserve expresse » que le 8e arrondissement ne soit pas rattaché à cette circonscription.
Après un tel rappel à l'ordre, la sagesse aurait voulu que vous suiviez ce deuxième avis négatif. Mais non, vous avez décidé de passer outre ! Vous avez transmis tel quel votre projet d'ordonnance au Conseil d'État, sans prendre en compte les recommandations de la commission. Et pour la troisième fois, vous vous êtes fait refouler. Le Conseil n'a, semble-t-il, pas été plus convaincu que la commission par vos justifications pour ce tripatouillage flagrant.