J'avais sorti hier de ma discothèque, à l'intention de Mme la ministre de l'économie, ce vieux tube de Marc Lavoine : « Elle a les yeux revolver, elle a le regard qui tue, elle a tiré la première... » De fait, c'est vous, monsieur le secrétaire d'État, qui êtes ce matin au banc du Gouvernement. On ne peut même pas parler de roulette russe : avec le « crédit revolver », il y a une balle dans chaque chambre du barillet… L'image est à la hauteur du désespoir et des drames que génère l'usage de ce crédit dit « rechargeable » – comme pour dire que si l'on a raté la première fois, on aura une deuxième chance…
Ce n'est pas le crédit à la consommation qui est en cause, madame de La Raudière, c'est ce crédit revolving « pousse au crime », qui repose avant tout sur une supercherie. Lorsque vous rechargez la batterie de votre téléphone portable, cela vous donne-t-il plus de crédit pour téléphoner ? Non, mais vous pouvez en avoir l'illusion. Lorsque vous regardez L'Île de la Tentation – ce qui ne m'arrive jamais –, cela vous donne-t-il le droit à des vacances au soleil ? Non, mais vous pouvez croire que vous les vivez par procuration. Quand vous remboursez les intérêts d'un premier crédit revolving en contractant un deuxième crédit revolving, cela vous fait-il économiser de l'argent ? Non, mais, dans ce cas, vous dépensez vraiment de l'argent que vous n'avez pas.
Vous croyez que j'exagère ? Voici un des messages qui nous ont été adressés :
« Habitant des Hauts-de-Seine, j'ai eu l'occasion aujourd'hui d'écouter vos commentaires sur la chaîne parlementaire à propos du crédit revolving. Quoique adhérent de l'UMP, je tiens à vous exprimer mon accord le plus complet sur cette question. Il y a vingt-cinq ans, j'ai eu l'occasion de contracter un crédit revolving exactement dans les conditions que vous avez évoquées : faiblesse économique, besoin d'acquérir un minimum de biens de consommation, taux d'intérêt excessif. Le cercle vicieux est à portée immédiate. Cette question est d'autant plus insupportable, comme vous l'avez très justement souligné, qu'elle affecte en priorité les personnes les plus fragiles. Merci de tenir bon dans votre action. » Quand on reçoit de tels encouragements d'un militant de l'UMP, on tient bon.
Voici maintenant celui d'une habitante de l'Essonne :
« Je pense que notre histoire saura retenir votre attention et pourra peut-être alimenter votre argumentaire pour votre proposition. Au décès de ma mère survenu le 5 juillet dernier, nous nous sommes aperçus, horrifiés, qu'elle avait contracté plusieurs crédits revolving. À la Banque Accord, elle avait emprunté 13 350 euros ; à Finaref, 18 123 euros ; à Cofinoga, 3 465 euros ; à Cofinoga UG10, 2 053 euros ; à Cofinoga UG10, 3 737 euros ; à LCL : 5 976 euros – soit près de 47 000 euros.
« Mes parents avaient des comptes séparés et pas de procuration sur leurs comptes respectifs. Nous avons écrit à ces différents organismes pour leur demander les contrats initiaux, qu'ils ne nous ont pas encore fournis. FINAREF a envoyé un contrat avec la signature de mon père, mais il s'agit d'une signature apocryphe, car mon père n'avait évidemment pas signé ce contrat, n'ayant pas eu connaissance de ces emprunts et n'étant pas présent lors de la signature de celui-ci. »
Je rappelle qu'il n'est nullement obligatoire de faire signer le conjoint, qui est pourtant solidaire de la dette. Cette situation est scandaleuse. J'ai proposé à ce sujet un amendement qui a été repoussé par la majorité de l'époque – déjà de droite !
« Nous nous demandons, poursuit l'auteur du courrier, comment ces organismes peuvent prêter de telles sommes à des personnes âgées ayant une toute petite retraite. »