Autre fait marquant : le sommet de Pittsburgh témoigne de la volonté de coordination des politiques économiques, les dirigeants du G 20 ayant appelé à instaurer « un modèle de croissance plus durable et plus équilibré dans tous les pays et à réduire les déséquilibres de développement ».
Dans le domaine de l'emploi et du droit du travail, la déclaration de Pittsburgh indique que les pays du G 20 doivent « mettre en oeuvre des actions cohérentes avec les principes et droits du travail fondamentaux de l'Organisation internationale du travail. »
Mais le sommet du G 20 à Pittsburgh fera date parce qu'il renouvelle le cadre de la gouvernance mondiale.
Il n'est évidemment pas question de nier ici le rôle des Nations unies ni celui des enceintes internationales spécialisées. Ces dernières conservent toute leur valeur et mènent des actions indispensables. Toutefois, le principe de spécialité qui caractérise ces organisations, qu'il s'agisse de la santé avec l'OMS, du travail avec le BIT, du développement avec le PNUD, du commerce avec l'OMC, ou de l'environnement avec le PNUE, limite leur capacité à apporter des réponses adaptées aux problèmes globaux que rencontre aujourd'hui le monde contemporain. Cette spécialisation s'accompagne d'une multiplicité de législations, de règles et de normes sans hiérarchie entre elles ni aucune coordination.
Face à une crise économique et financière mondiale telle que celle que nous venons de traverser et dont nous affrontons toujours les conséquences, face au changement climatique qui va bouleverser les modèles de croissance et notre environnement, face à la multiplication des pandémies, la coordination des actions menées dans les différentes enceintes internationales est indispensable, voire inéluctable.
Il nous faut créer au niveau international une sorte de conseil mondial chargé de définir les priorités de l'action internationale. Il ne peut s'agir d'une simple coordination au niveau technique. Il s'agit d'une entreprise éminemment politique. Quelle instance autre que le G 20 apparaît la mieux à même de jouer ce rôle de pilotage ? Aucune autre.
Les critiques formulées avec raison à l'encontre du G 8, qui manquait de représentativité et donc de légitimité pour prétendre exercer une telle fonction, ne peuvent plus tenir face au poids du G 20. Rappelons que le G 20 représente 65 % de la population mondiale, 90 % du produit mondial brut et deux tiers du commerce mondial. Toutes les régions du monde y sont représentées. Le G 20 réunit, aux côtés des États les plus riches, auxquels se joignent les représentants de l'Union européenne et ceux des institutions financières de Bretton Woods, onze pays émergents.
La France, il faut le rappeler, est à l'initiative des sommets du G 20 dans leur format Chefs d'État, Chefs de Gouvernement, lancés il y a un an grâce à l'engagement du Président de la République. Notre pays n'a cessé de prôner l'élargissement du G 8 aux grands pays émergents. Les faits montrent que le Président a eu raison.
Cette décision résulte de notre volonté politique de rééquilibrer la gouvernance mondiale en donnant de nouvelles responsabilités aux pays émergents.
Ce rééquilibrage constitue incontestablement une des raisons pour lesquelles le G 20 vient de s'emparer avec succès des questions économiques et financières. Il ne peut à l'avenir qu'étendre son rôle aux problèmes sociaux ou environnementaux. C'est cette dimension sociale de la mondialisation que le Président de la République entend bien mettre en oeuvre en demandant la participation aux prochains G 20 du directeur général de l'OIT. C'est dans cette voie qu'il nous faut poursuivre pour mettre en place au sein du G 20 une mondialisation mieux régulée, et cela dans tous les domaines. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)