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Intervention de Jérôme Cahuzac

Réunion du 7 octobre 2009 à 15h00
Déclaration du gouvernement sur les suites du sommet du g 20 et débat sur cette déclaration

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJérôme Cahuzac :

…alors que vous avez cité le Président Lula – qui s'est félicité de la reconnaissance du Brésil – et le président Zapatero – certainement satisfait que l'Espagne se voie désormais reconnaître un rôle au sein de l'Europe que l'emprise du franquisme lui avait interdit de tenir durant tant d'années. (Protestations sur les bancs du groupe UMP. – Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.) J'ignorais, mes chers collègues de la majorité, que la simple évocation du franquisme puisse vous choquer à ce point.

D'où vient donc cette divergence d'appréciation entre la chancelière allemande et le Président de la République française ? D'aucuns pourraient penser que sa cause réside dans leurs formations professionnelles respectives : alors que l'un est avocat, l'autre est physicienne, ce qui suppose de sa part une relation au réel à la fois objective, lucide et robuste.

Quoi qu'il en soit, je dis bravo aussi bien à la méthode consistant à faire des propositions avant le sommet qu'au principe consistant à les mettre par écrit et à les rendre publiques, ce qui montre un louable souci de transparence. J'aurais aimé dire bravo une troisième fois au sujet des résultats de ce sommet. Malheureusement, M. le Premier ministre ne nous laisse que deux options : soit tomber dans la caricature en nous y opposant radicalement, soit approuver sans réserves ce qui a été fait. Pour ma part, je tenterai tout de même d'exprimer une position un peu plus nuancée, tout en restant comprise. Il y a, monsieur le Premier ministre, au moins trois sujets sur lesquels nous ne partageons ni votre enthousiasme, ni l'adhésion des députés de votre majorité à certaines phrases qui, pour être touchantes, ne sont pas tout à fait convaincantes pour peu que l'on y réfléchisse un peu : il s'agit de la croissance, des paradis fiscaux et des banques.

En ce qui concerne la croissance, vous pouvez toujours évoquer des jours meilleurs, que nous espérons tous, mais force est de constater que Joseph Stiglitz, un spécialiste reconnu – y compris à l'Élysée, puisque c'est à lui que l'on a demandé d'établir un nouvel indicateur de croissance –, indique lui-même que la croissance, lorsqu'elle reviendra, sera particulièrement faible et friable, ce qui aura inévitablement pour conséquence une augmentation du chômage et de la pauvreté. Cela n'empêchera pas les établissements bancaires et financiers de renouer avec les bénéfices, dont profitent avant tout les dirigeants et actionnaires, à qui il n'a jamais été demandé de faire application d'une clause de retour à bonne fortune. C'est notre premier point de désaccord, monsieur le Premier ministre : nous estimons que le secteur bancaire ayant été, partout dans le monde, sauvé en grande partie grâce à l'intervention de l'État et les contribuables, à un moment où les actionnaires, par gros temps, se faisaient particulièrement discrets, pourrait aujourd'hui contribuer davantage qu'il ne le fait au retour de la croissance. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et GDR.) Je comprends que le président Sarkozy n'ait pu faire valoir cette demande lors du G 20, puisqu'elle ne correspond pas à ce qui s'est fait en France. Comme nous le savons, vous avez décidé, monsieur le Premier ministre, madame la ministre et vous, mes chers collègues de la majorité, que les banques seraient recapitalisées non pas en permettant à l'État d'entrer dans leur capital, mais par le biais des taux super-subordonnés. Cette faute coûte aujourd'hui près de 20 milliards d'euros, c'est-à-dire une somme tout à fait inacceptable au regard de nos finances publiques. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

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