Vous avez raison de poser cette question, car la mesure que l'on fait de toute chose concerne directement votre assemblée. Comment pourrions-nous utiliser de mauvais instruments pour mesurer les effets des réformes que vous votez ? Voilà l'un des enseignements que l'on peut tirer du rapport Stiglitz, que vous avez évoqué.
Dès le mois de février 2008, le Président de la République avait demandé à M. Jean-Paul Fitoussi, à M. Joseph Stiglitz et au professeur Amartya Sen de rassembler cinq lauréats du prix Nobel, ainsi que d'autres économistes, afin de nous dire si nous mesurons correctement la croissance, la qualité et la valeur de notre économie. Quels enseignements pouvons-nous tirer de leur rapport ? J'en citerai deux.
En premier lieu, il convient d'accorder beaucoup plus d'importance au capital humain et à notre environnement. C'est exactement ce que nous faisons avec la réforme de la formation professionnelle, avec le Grenelle de l'environnement et avec la taxe carbone.
Ensuite, il faut accorder bien plus d'importance à la mesure médiane des revenus. C'est là aussi un enseignement que nous mettons en oeuvre en tentant d'éliminer un tiers de la pauvreté en France et en généralisant le revenu de solidarité active.
Il va de soi que nous entendons, à l'avenir, nous inspirer du rapport Stiglitz : j'ai demandé au directeur général de l'INSEE de prendre en compte ses douze recommandations, afin de modifier les instruments de mesure et de nous assurer que nous valorisons notre économie. Cela étant, il ne suffit pas de modifier nos propres instruments ; encore faut-il élargir cette mesure. J'ai donc suggéré au directeur général de l'OCDE de modifier un certain nombre d'instruments et de proposer ces modifications à la communauté internationale, afin que nous puissions mieux calculer ce que nous consommons, ce que nous produisons, ce que nous répartissons, et que nous puissions également multiplier les bonnes pratiques, au lieu de s'obstiner dans la mesure du seul PIB. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe UMP.)