Chacun sait, madame le ministre de l'économie, que pour tenir le cap, il faut avoir une bonne boussole. De même, pour conduire une politique économique, il faut disposer d'un bon outil statistique.
En matière économique, l'instrument de mesure essentiel est le produit intérieur brut. Encore faut-il que le PIB, tel qu'il est calculé, rende vraiment compte de la santé d'une économie. C'est ce que conteste le remarquable rapport que vient de remettre au Président de la République le professeur Joseph Stiglitz, au nom de la commission sur la mesure des performances économiques et du progrès social. Que dit ce rapport ? Deux choses, pour l'essentiel.
Il dit, tout d'abord, que le PIB mesure des richesses matérielles, alors que les richesses d'aujourd'hui sont de plus en plus immatérielles : ce sont la santé, la sécurité, la paix sociale, la qualité de la vie ou encore la protection sociale. Il dit, en second lieu, que, si l'activité économique d'aujourd'hui obère celle de demain, elle n'est plus une richesse, mais une menace. Là est toute la question de la durabilité des politiques économiques. À cet égard, le professeur Stiglitz propose une réflexion sur ce qu'il convient d'appeler une véritable refondation de notre appareil statistique.
Je vous poserai trois questions, madame le ministre. Le Gouvernement partage-t-il cette analyse ? Si oui, quelles suites donnera-t-il à ce rapport ? Enfin, notre réflexion ne pouvant demeurer franco-française dans une économie mondialisée, comment étendre les mesures que vous prendrez à l'Europe et au monde ? (Applaudissements sur quelques bancs des groupes UMP et NC.)