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Intervention de Christian Vanneste

Réunion du 28 septembre 2009 à 15h00
Parité de financement entre écoles publiques et privées pour l'accueil des élèves hors de leur commune de résidence — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristian Vanneste :

Cette méthode idéale se heurte à des réalités : le maintien nécessaire de l'équilibre des emplois et des investissements, et la difficulté d'harmoniser les interventions des collectivités, entre elles, et avec les voeux des parents. Cette tâche serait facilitée si une seule collectivité, la région par exemple, avait seule compétence en matière de formation.

Mais, pour l'heure, nous en sommes à chercher un équilibre légitime, non entre le public et le privé, mais entre la liberté d'enseignement et les intérêts de la gestion communale.

Avant l'amendement Charasse, un élève scolarisé dans le privé hors de sa commune de résidence, ne pouvait exiger le soutien financier de celle-ci. Cette commune pouvait à la fois contrarier le libre choix de l'école et en tirer avantage ; elle pouvait percevoir l'impôt sans rendre le service ! L'enseignement privé est souvent une bonne affaire pour les deniers publics : un élève du privé pèse davantage dans le budget des familles et moins sur les finances publiques. Ces dernières ignorent la majorité des investissements de l'école privée, d'ailleurs étrangement moins lourds pour le même service.

La démarche du sénateur Charasse était donc rationnelle : il souhaitait mettre un terme à l'abus d'un certain nombre de maires de communes de résidence qui incitaient les familles à envoyer leurs enfants à l'école privée de la commune voisine pour éviter le paiement de la participation.

Pourtant une réticence illégitime, mais compréhensible, a perduré après le vote de l'article 89 de la loi de 2004 et nous conduit au compromis d'aujourd'hui. Celui-ci acte la prévalence de l'intérêt communal sur la liberté de choix puisque celle-ci est limitée. Si le plafonnement au coût d'un élève scolarisé dans le public, activités périscolaires non comprises, paraît justifié, la capacité d'accueil demeure, en revanche, un obstacle à la liberté de choix, puisqu'elle fonde l'accord du maire. En 1985, le Conseil constitutionnel avait pourtant rappelé qu'il n'appartenait pas aux collectivités de s'opposer au libre choix de l'école. Le petit nombre des contentieux, et une interprétation large des motifs de dérogation, professionnels, familiaux et médicaux, doivent cependant nous rendre confiants.

Ce texte est un compromis entre deux thèses : celle de la liberté de choix de l'école et celle de la prévalence de l'intérêt communal. Les arguments en faveur de cette dernière sont parfois mauvais – c'est le cas de la libre administration des collectivités publiques – et parfois bons. Je pense au risque de ghettoïsation ou à la question de la surcapacité des moyens, cités par Pierre Cardo. (« Ah ! » sur les bancs des groupes SRC et GDR.) Cette proposition de loi voit donc le principe de la liberté amendé par le réalisme.

L'égalité est un autre principe essentiel qui continuera à être négligé. Dans le meilleur cas, les parents qui optent pour le privé ne pourront le faire que dans la limite des 20 % octroyés, et dans des locaux dont l'investissement sera à leur charge, y compris pour les dépenses que la loi rend obligatoires, comme celles relatives à l'accès aux handicapés.

Nous sommes donc très loin de la parité, mais aussi très loin de la guerre scolaire parfois évoquée par certains avec une évidente nostalgie. (Exclamations sur les bancs des groupes SRC et GDR.) Mais je remarque qu'ils sont, Dieu merci, de moins en moins nombreux.

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