On y retrouve d'un côté les élèves issus de milieux aisés et de l'autre – c'est-à-dire dans d'autres écoles – ceux issus de milieux défavorisés, orientés vers des établissements dits d'insertion.
Cette proposition de loi essaie de nous faire accroire que financer à parité la scolarisation dans le public ou le privé est un devoir. Mais soyons clairs : la parité n'a ici aucun fondement juridique. En arrivera-t-on un jour à rembourser les notes de taxi de ceux qui n'aiment pas prendre le bus ?
Ce sont les inégalités déjà réelles, parfois criantes en matière d'éducation que nous risquons encore d'aggraver. Ce serait, à Bordeaux, ne pas éduquer à Caudéran comme dans le quartier du Grand-Parc, comme si d'un côté l'éducation était une exigence et de l'autre une simple possibilité… Telles sont les conséquences que pourrait avoir votre proposition de loi.
Même si ce principe – non constitutionnel – de parité était appliqué, l'enseignement privé ne devrait en aucun cas percevoir plus pour son fonctionnement que l'enseignement public : je vous invite, mes chers collègues de droite, à relire la loi Debré de 1959.
Aujourd'hui, c'est pourtant le cas : le secteur privé en zone d'éducation prioritaire bénéficie de 100 postes supplémentaires, alors que le public en reçoit 167. Si ce principe de parité, dont vous usez et abusez, était respecté, c'est de 383 postes supplémentaires que l'enseignement public devrait bénéficier !
Ce que vous organisez en réalité avec ce texte, c'est tout simplement le glissement progressif de la loi vers le chèque scolaire – je parodie, vous ne m'en voudrez pas, le beau titre d'Alain Robbe-Grillet.
Où allons-nous, en effet, s'il n'y a aucune limitation, aucune référence, je dirai même aucune démarche officielle à faire pour obtenir le financement de la République pour la scolarisation de son enfant – sinon vers la remise d'un chèque, d'un pass-éducation, une sorte de ticket-restaurant du savoir, et dans bien des cas, de l'ignorance ?