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Intervention de Daniel Paul

Réunion du 21 septembre 2009 à 15h00
Organisation et régulation des transports ferroviaires — Motion de rejet préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDaniel Paul :

Madame la présidente, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, il est des textes symboliques d'une orientation politique. À coup sûr, celui que nous abordons aujourd'hui est de ceux-là.

Il y a soixante-quinze ans, naissait la SNCF. Issue de la fusion des entreprises qui l'avaient précédée, elle allait devenir cette grande entreprise publique, intégrée, disposant d'un large réseau couvrant le territoire national, de cheminots convaincus, au-delà de leur métier, de travailler à l'avenir du pays. Cette entreprise a été au coeur d'une politique industrielle et d'aménagement du territoire, à laquelle ont aussi contribué d'autres entreprises publiques comme EDF, GDF et tant d'autres issues du programme national de la Résistance.

Elles ont apporté la preuve que l'efficacité technologique et économique n'était en rien contradictoire avec l'amélioration des conditions de travail, de meilleures règles de sécurité, dans le même temps qu'elles préservaient ces secteurs névralgiques, ce que nous appelons aujourd'hui des « biens communs », des appétits des intérêts financiers privés,

Ainsi, la SNCF a su, avec des entreprises privées, et non des moindres, développer le TGV, en faire un atout à l'échelle du plus grand pays d'Europe qu'est la France, par son étendue, ouvrant la voie à la création d'un réseau européen à grande vitesse, avec des coopérations entre les réseaux nationaux.

Au moment où progressait l'idée de construction européenne, ces grandes entreprises de réseau, la SNCF, EDF, GDF, La Poste et France Télécom, étaient sans doute des outils pour bâtir une Europe de coopération, avec l'élaboration progressive de réseaux cohérents, transeuropéens, bénéficiant aux territoires, à leurs économies, aux populations. Sans nul doute, une telle Europe – et croyez-en quelqu'un qui a voté contre ce qui se passe actuellement – aurait eu un autre visage que celui qu'elle a aujourd'hui.

S'il est vrai, en effet, que les conditions industrielles ne sont plus celles de l'après-guerre, par exemple avec le fret produit par les différents bassins charbonniers de notre pays, nul doute que rien n'empêche l'adaptation de l'entreprise publique aux évolutions nécessaires. Ainsi, l'émergence du transport conteneurisé était une opportunité à saisir, y compris au niveau européen. Or vous venez d'indiquer, monsieur le secrétaire d'État, que, dans le premier port à conteneurs de France, ce ne serait plus la SNCF qui ferait le trafic sur les voies de port mais un opérateur ferroviaire de proximité.

En fait, les grands secteurs publics se sont retrouvés en contradiction avec les objectifs du capitalisme. L'heure n'était plus à la préservation de ces grandes entités publiques qui apportaient la preuve qu'une entreprise pouvait fonctionner et être efficace sans avoir pour finalité première de créer de la valeur pour ses actionnaires. L'heure était à une nouvelle étape du capitalisme, celle du capitalisme financier et mondialisé, recherchant le profit financier maximum et rapide, ainsi que de nouveaux lieux où des capitaux en mal de rentabilité pouvaient s'investir. L'heure était aussi à une offensive globale contre les salariés, les populations et les territoires, pour obtenir des réductions de coûts, abaisser les garanties sociales et permettre des transferts financiers massifs vers les grands groupes et leurs actionnaires.

Alors que ces grands secteurs publics étaient et sont toujours des atouts, c'est une tout autre conception qui a prévalu, celle qui, progressivement, a mis en cause les monopoles publics, préparé leur démantèlement, la déréglementation, le dogme de la concurrence libre et non faussée.

Tout à l'heure, dans votre intervention, je n'ai pas beaucoup entendu l'expression « entreprise publique ». Par contre, j'ai entendu souvent les mots « clients » et « concurrence ». C'est une évolution du vocabulaire sans doute.

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