Ce projet de décret d'avance, le premier de l'année 2009, tend à ouvrir et à annuler 303 millions d'euros d'autorisations d'engagement et 385 millions d'euros de crédits de paiement sur six missions et six programmes du budget général, ainsi que 4,5 millions d'euros d'autorisations d'engagement et de crédits de paiement sur le budget annexe Contrôle et exploitation aériens. Les ouvertures concernent les dépenses immobilières du ministère de la Défense (139,5 millions d'euros d'autorisations d'engagement et 244,5 millions d'euros de crédits de paiement), des achats de masques contre la grippe A (46,2 millions d'euros), l'indemnisation de collectivités locales touchées par des dégâts climatiques (45,4 millions d'euros), la compensation de la baisse des prix des carburants dans certains départements d'outre-mer (44 millions d'euros), l'aide civile à l'Afghanistan et au Pakistan (21 millions d'euros), le soutien de la Compagnie française pour l'Exposition universelle de Shanghai (7 millions d'euros), les opérations de recherche consécutives à la catastrophe aérienne du 1er juin dernier (4,5 millions d'euros). D'un montant égal aux ouvertures, les annulations relèvent pour une part d'une logique d' « auto-assurance » (pour le budget annexe Contrôle et exploitation aériens, pour la mission Défense, pour les achats de masques) et, pour le solde, touchent des crédits figurant dans la réserve de précaution. Au total, 23 missions et 53 programmes du budget général sont concernés par des annulations de crédits.
Trois ouvertures de crédits retiennent plus particulièrement l'attention.
En premier lieu, les ouvertures de crédits en faveur des opérations immobilières du ministère de la Défense visent à pallier les moindres recettes de cessions immobilières constatées depuis le début de l'année. Dans la loi de finances initiale pour 2009, le budget de la Défense a en effet été bâti en s'appuyant sur les futurs moyens financiers dégagés par les cessions immobilières, permises notamment par la réforme de la carte militaire, qui devaient générer un produit d'un milliard d'euros.
Pour des raisons liées principalement au contexte de crise économique, les cessions immobilières de la Défense ont pris du retard, privant le compte d'affectation spéciale (CAS) Gestion du patrimoine immobilier de l'État d'une partie des recettes prévues. Celles-ci pourraient in fine s'établir à environ 300 millions d'euros, au lieu d'un milliard d'euros attendu. Le décret d'avance comble ces pertes à hauteur de 140 millions d'euros d'autorisations d'engagement et 245 millions d'euros de crédits de paiement, par prélèvement sur le programme Soutien de la politique de la Défense. Une partie de ces crédits (140 millions d'euros d'autorisations d'engagement et de crédits de paiement) sera versée en recettes du CAS, le solde (105 millions d'euros de crédits de paiement) sera consommé sur le programme Soutien de la politique de la Défense. Les opérations immobilières concernées, qui s'étalent sur plusieurs années, sont diverses : infrastructures nécessaires aux hélicoptères Tigre et NH90, aux véhicules blindés de combat d'infanterie (VBCI), à l'avion de transport A400M ; rénovation de l'hôpital d'instruction des armées (HIA) Sainte-Anne à Toulon ; réhabilitation d'un bassin de l'arsenal de Brest.
Ces ouvertures de crédits sont entièrement gagées par la mission Défense elle-même, sur les programmes Équipement des forces et Préparation et emploi des forces, grâce aux économies permises par la moindre inflation constatée en 2009. Pour autant, ces difficultés d'exécution budgétaire viennent rappeler les inconvénients inhérents au recours à des financements « extrabudgétaires » pour compléter les enveloppes de crédits des programmes du budget général.
En deuxième lieu, une ouverture de 44 millions d'euros d'autorisations d'engagement et de crédits de paiement sur le programme Conditions de vie outre-mer vise à compenser aux compagnies pétrolières le manque à gagner entraîné par la décision, prise par l'État à la fin 2008, de diminuer les prix de vente des carburants dans les départements d'outre-mer (DOM). À la suite des protestations à la Réunion en septembre 2008 puis en Guyane et en Guadeloupe en décembre, les premières baisses des prix des carburants ont été décidées par le préfet le 1er octobre à la Réunion et le 1er décembre en Guadeloupe. D'autres baisses de prix, ainsi que le gel des hausses prévues, ont ensuite été décidés par les préfets. Le manque à gagner pour les compagnies pétrolières en Guadeloupe, Martinique et Guyane est, à ce stade, estimé à 44 millions d'euros.
La question du prix des carburants dans les DOM fait actuellement l'objet d'une mission d'information conjointe des commissions des affaires économiques (M. Jacques Le Guen) et des finances (M. Jérôme Cahuzac).
Ce dossier mérite d'être traité d'autant plus rapidement par le Gouvernement que l'évolution du cours du pétrole sur le marché mondial, reparti à la hausse depuis février, ne fait qu'aggraver le coût budgétaire des mesures de contrôle des prix. Il est impératif d'éviter que cette solution d'attente se transforme en véritable gouffre financier.
En troisième lieu, le décret d'avance ouvre 4,5 millions d'euros d'autorisations d'engagement et de crédits de paiement sur le programme Transports aériens, surveillance et certification du budget annexe Contrôle et exploitation aériens afin de financer les opérations de recherche dans l'océan atlantique à la suite de la catastrophe aérienne du 1er juin 2009. Ces crédits, qui bénéficieront au bureau d'enquêtes et d'analyses pour la sécurité de l'aviation civile (BEA), s'ajoutent aux 5,5 millions d'euros dégagés par redéploiement au sein du programme. Cette ouverture est entièrement gagée par des annulations sur le programme Navigation aérienne du même budget annexe.