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Intervention de Tita Zeïtoun

Réunion du 11 février 2009 à 11h00
Délégation aux droits des femmes et l’égalité des chances entre les hommes et les femmes

Tita Zeïtoun :

Mon métier est l'expertise comptable, et l'association Action de femme est en quelque sorte ma danseuse. Je n'en tire aucun profit, mais elle me tient particulièrement à coeur. Je l'ai créée assez tard, à la suite d'une réflexion faite par un président, dans le cadre de mes activités professionnelles, sur l'utilité d'un regard féminin. Cette association est mixte. Je pars en effet du principe que les hommes sont seuls à pouvoir faire une place aux femmes dans les entreprises.

Quand nous avons commencé à réaliser des études sur ces sujets, en 1997, nous avons utilisé une étude générale menée par une universitaire sur les administrateurs, de laquelle il est ressorti, qu'à l'époque, les rares femmes présentes dans les conseils d'administration étaient des héritières. Nous avons ensuite examiné régulièrement l'évolution de la situation, en particulier sur les sociétés du CAC 40. En 1997, 27 de ces 40 sociétés n'avaient pas de femme dans leur conseil d'administration. Aujourd'hui, il en reste encore six qui n'en ont aucune – dont Veolia Eau, Vinci, EADS, Danone et Capgemini. Sachant que les conseils d'administration se réunissent au mois de février, je viens d'écrire à nouveau à leurs présidents pour les inciter à y intégrer des femmes.

Cette année, pour la première fois, nous avons étendu notre étude aux comités de direction (CODIR) et comités exécutifs (COMEX), à partir du Guide des états-majors. Il apparaît dans cette étude, dont je vous ai apporté la synthèse, que sur les 500 premières sociétés françaises, 217 (soit presque la moitié) n'ont pas une seule femme dans leur CODIR ou dans leur COMEX ! Pourtant, il existe un vivier de femmes ayant les compétences requises et qui désireraient exercer ces responsabilités. On constate par ailleurs que les femmes qui sont membres de ces comités travaillent, dans leur grande majorité, dans la communication.

Quant aux pourcentages, il faut les manier avec précaution. Dans un conseil de 15 personnes, imposer 20 % de femmes, soit 3 femmes, c'est bien. Mais dans un conseil de 5 personnes, s'il y a 20 % de femmes, cela signifie qu'il n'y en a qu'une ! Or une femme seule ne peut rien faire. En l'occurrence, pour qu'il y en ait deux, il faut mettre la barre à 40 %.

C'est ce qu'a fait la Norvège, de même que l'Espagne dans une loi votée en mars 2008, qui ne concerne cependant que les sociétés de plus de 250 salariés. Je serais favorable à l'adoption d'une règle de ce type en France, avec un taux de 40 % pour les sociétés d'une taille minimale.

Parmi les 500 premières sociétés françaises, 292 n'ont aucune femme dans leur conseil d'administration. 134 sociétés ont plus de 10 % de femmes dans leur conseil d'administration, mais dans bien des cas cela signifie, en fait, qu'elles n'en comptent qu'une seule.

Au Conseil supérieur de l'Ordre des experts-comptables, sur les 66 membres élus, il n'y a que 4 femmes ! Pourtant, la profession est très féminisée. Autrement dit, dans ce métier, les femmes sont très souvent des « petites mains », elles travaillent très dur, mais elles ont très rarement le statut d'associée.

M. Guénhaël Huet. Le nombre de femmes élues doit aussi être mis en regard avec le nombre de celles qui ont voulu se présenter.

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