a souligné que la recherche sur ce sujet est dynamique. Des professeurs ont des chaires d'histoire des femmes. D'autres privilégient l'histoire des femmes dans leur enseignement.
Cependant la problématique a changé. Depuis une dizaine d'années, se met en place une problématique du genre, le genre étant la différence des sexes construite par l'histoire et la culture. Elle a l'avantage de mieux mettre l'accent sur les rapports entre les hommes et les femmes et permet ainsi d'intéresser également les hommes. L'inconvénient est peut-être de laisser un peu de côté les femmes.
De fait, aucune histoire des femmes n'échappe au genre. Même si l'on étudie l'histoire d'un couvent – lieu de femmes par excellence –, on ne peut faire abstraction du fait qu'elles se mouvaient à l'intérieur de l'Église, qui était aux mains des hommes. Autrement dit, on ne peut pas, même dans une histoire portant strictement sur les femmes, éliminer le rapport masculin-féminin.
Les changements viennent beaucoup des États-Unis, qui ont été très dynamiques dans ce domaine. Dans toutes les universités américaines sans exception, il y a des women studies et des gender studies. On peut regretter que les études sur les femmes n'aient jamais reçu la reconnaissance qu'elles auraient dû avoir en France.
En fait les résistances sont plus fortes qu'on ne l'avait cru. Les femmes n'ont pas voulu faire des women studies à l'américaine, par crainte d'être confinées dans un secteur et ne plus être prises en considération. Ce que les historiennes veulent, c'est introduire l'histoire des femmes dans l'histoire en général.
Lors de la présentation à la radio de l'ouvrage collectif Histoire des femmes en Occident, le journaliste a observé qu'il aurait préféré que le livre ne soit écrit que par des femmes. Au contraire, il vaut mieux une histoire signée par un homme et des femmes. Le nom de Duby avait une puissance symbolique, en plus du fait qu'il était un féministe convaincu : il a consacré les dix dernières années de sa vie à l'histoire des femmes.
L'université n'a pas été juste avec le développement des recherches sur les femmes. Elle a toujours considéré et elle considère toujours aujourd'hui, que c'est un secteur un peu marginal. De ce point de vue, les batailles ne sont pas gagnées.