Je crois qu'il a été répondu de façon très claire à la question du rapporteur sur la présence de femmes musulmanes parmi nous. L'association Regards de femmes comporte des vice-présidentes, des responsables musulmanes ; je pense en particulier à l'une d'entre elles qui a quitté le Maroc après un mariage forcé et parce qu'on l'obligeait à porter le voile.
Ces dernières semaines, chaque fois que des journalistes nationaux m'ont demandé si une femme voilée ne voulant plus porter le voile, membre de mon association, accepterait de parler à la télévision, ils m'ont promis que ses traits seraient « floutés ». Ces propositions montrent l'extrême gravité de la situation ; nous ne sommes plus là dans notre République laïque, mais dans un monde de pur communautarisme. Faut-il exiger que les esclaves parlent seuls pour eux-mêmes ou permettre à d'autres de parler en leur nom ? Je l'ai dit à mes amies de « Ni putes ni soumises », c'est parce que nous ne rentrons pas le soir dormir dans les quartiers que nous pouvons parler. Nous devons parler au nom de ces femmes. C'est notre devoir.
Les exciseuses sont des femmes. La transmission de la tradition par les mères est un fait dramatique ; je dois bien le reconnaître, en tant que femme et féministe.
Dans notre monde d'images, la femme voilée est une image très prégnante. C'est pour cela qu'il faut enlever le voile ; et pas seulement la burqa ! Il ne s'agit pas d'une affaire de métrage de tissu mais de la signification de ce vêtement.
J'ai été enseignante dans les quartiers de Lyon. Les frères et les soeurs se succédaient dans nos classes. J'ai constaté que le développement du port du voile a coïncidé avec l'arrivée des paraboles dans nos quartiers et avec ce que les hommes et les femmes algériens ont appelé les « téléfatwas ». Je pense que le président André Gerin pourrait s'exprimer comme moi. Les enfants ont été alors immergés dans ce discours.
Je ne vois pas quelles difficultés pose la promotion de l'indifférenciation. Tout n'est pas acceptable. La plupart des musulmans de France, et je m'en réjouis, ne demandent que l'indifférence ainsi que le droit d'être laïques et de s'habiller comme ils le souhaitent. Or, dans la rue, ces femmes qui portent le voile sont provocantes et prosélytes, comme si elles seules, et pas les autres, étaient les bonnes musulmanes. Il appartient à la représentation nationale de choisir qui protéger.