Je voudrais réagir à l'idée selon laquelle peut-être même les femmes ne sont pas toujours les premières à se révolter contre le voile, voire qu'elles y seraient favorables.
On a parlé de l'Algérie et du FLN. Dès la déclaration de Tripoli, référence était faite à l'islam : « l'islam est notre loi ». En Tunisie, dans les années 1920, les premières à s'être manifestées comme féministes se sont dévoilées. Comment ont réagi les islamistes ? Quelques années plus tard, pour faire passer le message qu'il ne faut pas que les femmes se dévoilent, un cheik a demandé à sa fille de le relayer. Mon père, dira celle-ci, m'a encouragée à sortir, à manifester, à aller aux réunions des leaders politiques, à participer à la lutte pour la libération nationale et à celle de l'émancipation de la femme, entendue bien sûr selon la version islamiste. On retrouve partout cette stratégie des islamistes, consistant à mettre en avant les femmes. Si en Tunisie, l'action du président Bourguiba l'a contrée, en Algérie et au Maroc des mouvements d'émancipation ont été récupérés par les islamistes. C'est à un phénomène comparable auquel nous assistons aujourd'hui.