Au fond, on peut se demander si votre mode de gestion n'aboutit pas à la péréquation internationale de l'épargne française au profit d'un système mondialisé. Dans votre rapport annuel pour 2007, on constate en effet que la part investie en actions françaises est tombée de 23 à 19 % en quatre ans. En d'autres termes, l'épargne française du FRR est investie à 81 % à l'étranger. Vous parlez de rentabilité au sens financier du terme, comme si le Fonds était un simple organisme de placement. Vous ne tenez pas compte du fait que cette délocalisation de l'épargne affaiblit la croissance en France alors que le Fonds est alimenté par des prélèvements sur la richesse française.
D'autre part, la Caisse nationale d'assurance vieillesse connaît un déficit croissant – environ 4 milliards d'euros cette année. Est-il raisonnable de mettre de l'argent de côté tout en s'endettant ? Le déficit cumulé de la CNAV à la fin de 2007 avoisine 20 milliards d'euros. Ce chiffre doit être comparé aux 34 ou 35 milliards du Fonds, qui risquent de faire l'objet d'un hold-up pour payer la dette actuelle.
La soulte des industries électriques et gazières s'élevait à 3,9 milliards à la fin de 2007. Quel usage en sera-t-il fait, étant donné qu'il existe un fonds CNIEG et un fonds hors CNIEG ?
Vos investissements se portent massivement sur les grandes entreprises – presque dix fois plus que sur les PME dans la zone euro. On pourrait imaginer que vous preniez des participations dans les PME via les organismes intermédiaires. Vous faites cependant beaucoup mieux que les assurances en la matière !
Je suis enfin étonné de constater que 6,9 % des obligations que vous détenez ne font pas l'objet d'une notation. S'agirait-il d'obligations pourries ? Plus généralement, combien la crise des subprimes vous a-t-elle coûté ?