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Intervention de Roselyne Bachelot-Narquin

Réunion du 12 novembre 2008 à 9h00
Commission élargie

Roselyne Bachelot-Narquin, ministre de la santé, de la jeunesse, des sports et de la vie associative :

Certainement. Cela montrera de façon claire que les crédits consacrés au VIH ne baissent pas, bien au contraire. Vous connaissez d'ailleurs mon implication quasi militante sur ces sujets.

Catherine Lemorton m'a également interrogée sur les mesures relatives aux usagers de drogue. Si la population de ces usagers a été décimée jusqu'au milieu des années 90, des politiques de santé publique novatrices, dont nous observons aujourd'hui les résultats, ont permis d'améliorer la surveillance, la prévention, la prise en charge et la réduction des risques. Ainsi, depuis dix ans, la proportion des usagers de drogue infectés par le VIH a été divisée par quatre et le nombre d'overdoses mortelles par cinq. De même, le nombre d'interpellations pour usage d'héroïne a été diminué de 75 % et, surtout, le nombre des usagers de drogues par injection a considérablement diminué. Cependant, je suis loin de prétendre que tous les problèmes sont réglés. Nous constatons ainsi une aggravation de la contamination des usagers de drogues par les virus des hépatites B et C et un usage dévoyé de ce traitement de substitution qu'est la buprénorphine. En outre, des publics de plus en plus jeunes et de plus en plus précaires s'adonnent à ces pratiques.

Mon prédécesseur, Xavier Bertrand, avait annoncé en 2005 une série de mesures visant à diminuer la diffusion de l'épidémie du VHC parmi les usagers de drogues. Le plan de prise en charge et de prévention des addictions 2007 – 2011 a notamment prévu un renforcement de l'offre de soins. Enfin, la commission « addictions » est désormais en ordre de marche pour proposer des mesures permettant d'améliorer la prise en charge des personnes souffrant d'addictions.

En ce qui concerne la politique de réduction des risques, la mission interministérielle dispose de crédits pour créer quatre – et peut-être même six – communautés thérapeutiques, qui améliorent l'hébergement et le suivi de la prise en charge.

Vous m'avez interrogée sur les appartements de coordination thérapeutique. Ces lieux d'hébergement, où le patient est suivi par une équipe aussi bien médicale que sociale, étaient initialement dédiés aux porteurs du VIH. Ces appartements accueillent depuis 2002 toute personne en situation de précarité et touchée par une pathologie chronique.

Je rappelle que le plan national 2005-2008 avait programmé l'ouverture de 150 nouvelles places par an pendant trois ans. À ce jour, plus de 1 000 places sont recensées, et il est prévu que leur nombre soit porté à 1 800 places d'ici à la fin de 2011. Il nous faut toutefois évaluer le dispositif avant d'aller plus loin.

S'agissant des hépatites, un plan actuellement en préparation devrait être lancé au début de l'année 2009. Comme nombre d'entre vous, je suis très préoccupée par la faiblesse de la couverture vaccinale contre l'hépatite B en France, et je crois que le moment est venu de redonner confiance aux professionnels de santé dans ce domaine. Le plan « Hépatite 2008-2011 » prévoira donc une relance de la vaccination.

J'en viens au plan « Psychiatrie et santé mentale 2005-2008 », qui a permis de renforcer les moyens de la psychiatrie en France. À la fin de l'année 2007, plus de 120 millions d'euros de crédits avaient déjà été alloués au titre de l'ONDAM hospitalier sur les 129 millions prévus, ce qui témoigne d'une bonne consommation des crédits. J'ajoute que 90 % des financements nouveaux ont servi à la création de postes hospitaliers – 2 177 au total, dont 250 de médecins, 228 de psychologues et 1022 d'infirmiers et d'infirmières. J'ai d'ailleurs eu l'occasion de m'exprimer à ce sujet lors d'une récente question au Gouvernement.

Le bilan de ce plan est en cours, mais chacun connaît bien les difficultés démographiques et les problèmes d'organisation de la psychiatrie. Cela étant, je rappelle que la France compte le nombre de psychiatres le plus élevé d'Europe, voire du monde entier. Nous ne souffrons donc pas d'un déficit quantitatif, mais d'un problème de répartition des professionnels.

C'est précisément pour répondre à ces difficultés que j'ai installé, le 7 juillet dernier, la commission présidée par M. Édouard Couty, qui devra me remettre ses recommandations en matière de psychiatrie d'ici à la fin de l'année.

Un comité de pilotage, présidé par M. David Le Breton, sociologue à l'université Marc Bloch de Strasbourg, a également été installé le 30 juin dernier. Ce comité est chargé d'élaborer des pistes pour l'amélioration de la politique de prévention du suicide en vue de la prochaine stratégie pluriannuelle nationale d'actions. Vous savez que c'est un sujet qui me tient particulièrement à coeur, notamment quand il s'agit de jeunes.

Une attention particulière portera sur les populations en situation de grande vulnérabilité : les personnes âgées, les jeunes homosexuels, les personnes détenues, les personnes souffrant d'addictions, les proches de victimes de suicide. Je précise que le rapport du comité de pilotage doit m'être remis en décembre.

J'ai également souhaité impliquer notre jeunesse elle-même dans la prévention du suicide chez les jeunes en situation de vulnérabilité, en particulier les jeunes homosexuels et bisexuels, qui présentent trois fois plus de risques d'idées suicidaires et de tentatives de suicide que les jeunes hétérosexuels, bien souvent à cause des discriminations et des réactions homophobes de notre société, réactions que je condamne formellement. Sur ce dernier thème, j'ai d'ailleurs demandé à un cinéaste de renom de présider le jury d'un concours de scripts, lancé en octobre 2008. Les quatre premiers scripts seront tournés sous forme de courts-métrages. Cette nouvelle façon d'aborder cette question de santé m'a semblé particulièrement adaptée au public auquel nous souhaitons nous adresser.

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