Renault investit beaucoup dans la recherche, et développe ses recherches dans toutes sortes de technologies. Simplement, les échéances sont différentes. Nous maîtrisons la technologie de la pile à combustible. Mais la question est de produire un véhicule de masse. Pour le véhicule électrique, il va falloir produire et distribuer 2 millions de batteries, là où aujourd'hui il n'y a rien, et organiser leur alimentation. Nous considérons que l'échéance est de deux ans. Pour le véhicule à pile à combustible, il faut organiser la distribution de masse de l'hydrogène ; nous ne pensons pas que cela puisse se faire avant cinq à dix ans. Nous avons donc fait le choix du véhicule électrique pour la mise en commercialisation.
Le partage entre Renault et Nissan joue dans les deux sens ; chacun ne peut pas tout faire ; opérer des spécialisations technologiques différentes est dans la logique de l'alliance. En France, 80 % des voitures sont à moteur diesel ; en Allemagne, 70 %. Nissan, qui a abandonné le moteur diesel, se fournit chez Renault. Inversement, Nissan, qui a affaire aux marchés américains et japonais, se spécialise sur la technologie hybride.
Comment peut-on aider les sous-traitants ? La première action n'est pas d'accepter des prix plus élevés, mais de leur donner de l'activité. Avoir une charge de travail est la condition première pour la santé d'une entreprise.
Par ailleurs, un constructeur travaille toujours de préférence avec des fournisseurs nationaux ; les ingénieurs des uns et des autres parlent la même langue, ont les mêmes références, ils peuvent facilement se rencontrer. Quand il préfère un fournisseur étranger, c'est pour des raisons de compétences. Il a été très difficile d'arriver à faire travailler les ingénieurs de Renault avec les fournisseurs japonais, et ceux de Nissan avec les fournisseurs français ou européens.
Renault a pour ambition de construire une gamme de véhicules électriques, pas un véhicule unique. Si le produit trouve son marché, le site de Flins ne suffira pas à la demande, on peut en être assuré. Ce que nous voulons, c'est créer à Flins un pôle où toutes les compétences nécessaires seront présentes.
Le 4x4 est au départ un concept américain. Les Européens sont arrivés en retard sur ce produit par rapport aux constructeurs américains, puis japonais. Renault propose le Koleos, soit en version à deux roues motrices, soit en version 4x4 ; cette version est produite à partir d'une base Nissan. Bien que maintenant, on reproche aux constructeurs de construire des 4x4 à cause de leurs effets en matière de CO2, Renault pense qu'on aura toujours besoin de ces véhicules.
Il n'y a pas de concurrence entre la Logan et le reste de la gamme Renault. Les études montrent que les acheteurs de Logan font leur choix entre une Logan et une voiture d'occasion. Dacia est donc complémentaire de Renault.
Le site de Maubeuge n'est pas concurrencé par le projet de rapatriement du véhicule utilitaire à Sandouville ; ce véhicule n'est pas produit en France aujourd'hui.
Il y aura une concurrence chinoise, c'est certain. Le Gouvernement chinois ne fait pas mystère de ses efforts pour qu'il y ait au moins un constructeur de niveau mondial qui soit chinois. L'Histoire montre que chaque fois qu'un marché automobile émerge dans un grand pays, cette émergence s'accompagne de celle d'au moins un grand constructeur.
La mondialisation n'a pas pour conséquence une sorte d'affadissement du style des voitures Renault. Les modèles actuels ont tous été conçus avant 2005. Le P-DG n'intervient sur le style que pour vérifier que tous ceux qui devaient être consultés l'ont bien été. En fait, le style d'une marque ou d'un modèle est une réponse au marché. La nouvelle Mégane aura son style. C'est ce que j'appellerai « le style moderne Renault. ».
Comment financer l'investissement à long terme dans le cadre d'une crise du crédit ? C'est impossible. Si la situation actuelle ne s'améliore pas dans les semaines qui viennent, on va assister à un ralentissement massif des investissements, dans tous les domaines ; beaucoup d'investissements seront repoussés, voire abandonnés, avec les conséquences prévisibles dans le domaine de l'emploi.
S'agissant de la situation des personnels de Sandouville, le Président de la République a eu un échange avec les représentants des salariés lors de sa visite ; des mesures, relevant de l'État, ont été annoncées pour les salariés de Sandouville. Pour le reste, si la situation ne se dégrade pas plus qu'aujourd'hui, Sandouville, compte tenu du plan de départs volontaires, pourra être maintenu à un niveau d'activité raisonnable jusqu'au lancement du projet de véhicule utilitaire. La difficulté, c'est l'évolution du marché en 2009. On peut espérer qu'en matière automobile, la situation, déjà très dégradée, se stabilise.