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Intervention de Philippe Boënnec

Réunion du 30 septembre 2008 à 15h00
Commission des affaires culturelles, familiales et sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Boënnec :

Je ne voudrais pas risquer de me singulariser en ne m'associant pas aux louanges générales ! Et je le fais d'autant plus sincèrement que j'ai été accueilli à bras ouverts au sein de la mission d'information pour travailler pour le compte de la délégation à l'aménagement du territoire sur la permanence des soins.

Le déficit d'offre de soins de premier recours touche non seulement le milieu rural, mais aussi les banlieues. Il faut le reconnaître, le métier de médecin généraliste est peu attractif et il est plutôt anxiogène de se retrouver seul, sans grands moyens, devant un patient.

La France forme chaque année 7 000 médecins – en pourcentage, c'est un des taux les plus élevés d'Europe – et 70 % d'entre eux sont des femmes. On doit en tenir compte. Je vous mets en garde tout de même contre l'usage de la contrainte s'agissant d'un métier déjà peu attractif. Si vous réquisitionnez le week-end quelqu'un qui travaille déjà de 60 à 70 heures par semaine, il ne tardera pas à changer de métier.

En revanche, il me semble tout à fait intéressant de vouloir rapprocher le milieu hospitalier et la médecine ambulatoire, et chacun doit faire du chemin. Il est vrai que les jeunes générations ne sont plus aussi attachées que les précédentes au paiement à l'acte. Alors, pourquoi ne pas réfléchir à des forfaits pour rémunérer la prévention et le dépistage ? De même, un schéma régional d'organisation des soins ambulatoires devrait permettre de régler le problème de la permanence des soins ambulatoires et de l'aide médicale urgente hospitalière. Il faudrait aussi autoriser la fongibilité des enveloppes pour récupérer d'un côté ce qu'on perd de l'autre.

S'agissant de la permanence des soins, une contractualisation au forfait pourrait être organisée avec les acteurs concernés. Après tout, il n'y a pas que les médecins de premier recours qui pourraient y prendre part. D'autres, comme les praticiens hospitaliers, ou même des médecins du travail ayant suivi une formation adaptée, pourraient être intéressés. Ensuite, ne faudrait-il pas distinguer la tranche horaire avant minuit de celle après minuit ? Pourquoi laisser des médecins de garde alors que l'on dénombre un acte pour 100 000 habitants après minuit ? Même si c'est impossible aujourd'hui, il suffirait de laisser une voiture à un interne d'un service d'urgence pour qu'il aille accomplir l'acte médico-administratif nécessaire. Il y a des solutions simples.

La France est le seul pays où le médecin soit à ce point le pivot du système. Sa présence n'est pourtant pas toujours nécessaire. Il faut vraiment travailler à la délégation de tâches et à la coopération avec les autres professionnels.

Nous devrions aussi éduquer les patients, qui ont plutôt une attitude de consommateur. Il faut aussi et mettre en place un observatoire de la santé, partagé par tous les acteurs.

La proposition – discutée mais adoptée à l'unanimité – de faire des soins de premier recours un passage obligé pendant cinq ans pour tous les jeunes médecins me semble une bonne idée. Cela permettrait de créer des vocations.

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