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Intervention de Valérie Boyer

Réunion du 30 septembre 2008 à 15h00
Commission des affaires culturelles, familiales et sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaValérie Boyer, rapporteure :

S'agissant de la PAC, force est de constater que l'Union européenne a beaucoup soutenu les filières du lait et des céréales, et fort peu celle des fruits et légumes. Je propose donc que l'on aide davantage cette dernière filière. Il y a tout à y gagner, en matière non seulement de lutte contre l'obésité, mais aussi d'emplois et d'aménagement du territoire. L'une des manières d'y parvenir serait sans doute d'abaisser la fiscalité sur ces denrées, mais je ne fais pas de cette proposition une idée fixe. Une mesure fiscale isolée, sans accompagnement particulier, ne serait d'ailleurs qu'un gadget : elle doit prendre place dans une politique globale. Nous ne gagnerons pas le combat contre l'épidémie d'obésité sans une plus grande cohérence et une meilleure coordination des initiatives, notamment en matière de communication où il faut, hélas, déplorer beaucoup de charlatanisme.

L'éducation thérapeutique est fondamentale. Pour la première fois, dans le projet de loi « Hôpital, patients, santé et territoires », qui sera examiné d'ici à la fin de l'année, la prévention sera mise au coeur du dispositif et de l'organisation territoriale. Nous ne pourrons qu'en obtenir de meilleurs résultats.

Pour ce qui est de la médecine scolaire, il ne s'agit pas nécessairement d'en augmenter les moyens, mais de faire en sorte qu'elle ne constitue plus un îlot sanitaire isolé. La contractualisation, que nous appelons de nos voeux, n'appelle pas nécessairement des financements supplémentaires. Elle doit servir à partager des informations et des objectifs communs. Nous avons la chance d'avoir un dispositif de santé publique – ce n'est pas le cas de tous les pays. Même si le Programme national nutrition santé – PNNS – n'a pas donné tous les résultats escomptés et si des progrès restent nécessaires, il est dommage qu'une partie du corps médical, rémunérée sur fonds publics, soit ainsi isolée des programmes sanitaires nationaux. Une meilleure coordination est nécessaire, également avec les moyens déployés par les collectivités locales et les associations – lesquelles, même si elles fournissent la plupart du temps un travail remarquable, gagneraient parfois à être mieux encadrées. Tout cela sera possible avec les ARS demain, et le projet de loi « Hôpital, patients, santé et territoires » ouvre à cet égard d'intéressantes perspectives.

Pour ce qui est de la publicité, on peut nourrir l'espoir qu'elle disparaisse totalement des émissions télévisées destinées à la jeunesse. C'est mon souhait, mais la tâche sera compliquée. Cela ne signifie pas qu'il ne faudra pas remettre l'ouvrage sur le métier. Soyons toutefois réalistes et visons d'abord à l'efficacité. Comme des industriels n'ont pas joué le jeu, notamment les fabricants de céréales qui continuent de prétendre que celles-ci, pourtant extrêmement sucrées, sont bonnes pour la santé – ils nous l'ont encore dit lorsque nous les avons auditionnés –, efforçons-nous d'intervenir sur l'étiquetage et les allégations nutritionnelles.

En bref, il importe de mieux communiquer sur tous les aliments. Il ne s'agit pas en effet de stigmatiser, voire d'interdire, certains aliments car on peut, telle est en tout cas ma conviction, manger de tout, à condition d'avoir une alimentation équilibrée. Mais soutenons le travail mené au niveau de l'Union européenne en matière d'étiquetage, ainsi que celui de l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA), qui doit remettre un rapport d'ici à la fin de l'année, portant notamment sur les profils nutritionnels des produits transformés et non transformés.

Je suis moi aussi convaincue qu'il ne saurait y avoir de prise en charge efficace de l'obésité qu'individualisée. Cela relève du colloque singulier entre le patient et son médecin ou celui qui l'accompagne. Les pouvoirs publics, eux, ne sont là que pour mettre en place les politiques de santé publique nécessaires.

S'agissant de l'industrie agroalimentaire, elle ne doit pas être considérée comme une ennemie, mais comme une partenaire : il faut la faire participer, par la publicité ou d'autres actions. C'est en effet, après la mécanique, le deuxième employeur de main-d'oeuvre dans notre pays, en quoi elle supporte une part importante du coût de l'obésité pour l'assurance maladie. Il est donc de son intérêt bien compris que ce coût diminue et que la santé au travail s'améliore. Il lui revient aussi, comme à chacun des membres du corps social, de veiller à la préservation de la santé publique. Elle travaille d'ailleurs en ce sens et il faut l'accompagner. Ne la diabolisons pas, nous avons besoin de travailler avec elle. Soutenons au contraire les industriels qui s'engagent au travers de chartes, contrairement à ceux qui, délibérément, ne jouent pas le jeu.

Il est vrai qu'on peut s'interroger sur le rôle de la télévision érigée en mode de garde des enfants, notamment des plus jeunes d'entre eux. Parler d'alimentation, c'est aussi parler d'organisation familiale. Or force est aujourd'hui de constater que, notamment dans les milieux les plus défavorisés, ce sont souvent des enfants isolés qui sont les premières victimes de l'épidémie d'obésité. D'où l'importance de l'éducation à la santé. L'action, déterminante, des collectivités locales doit aussi être soutenue, encadrée, professionnalisée.

L'un de nos collègues a exprimé le souhait que le traitement du surpoids ne soit pas d'emblée médicalisé. Mais tout dépend du souhait du malade. La médicalisation ne peut être exclue a priori.

En conclusion, je dirai que, pour lutter efficacement contre l'obésité, il est nécessaire d'agir de façon globale. Je ne crois pas, pour ma part, que notre rapport contienne trop de propositions. Je crains au contraire que nous n'en ayons oublié et qu'il n'en ait fallu davantage pour être encore plus efficace dans notre lutte contre le surpoids et l'obésité. L'important est qu'il y en ait dans toute une série de domaines, et que l'on agisse concrètement dans chacun d'entre eux. Car, au-delà des statistiques et des problèmes strictement médicaux, il y a derrière le surpoids et l'obésité une souffrance psychique et psychosociale, aujourd'hui sous-estimée, qui doit être mieux prise en charge.

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