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Intervention de Jean Picq

Réunion du 22 juillet 2008 à 15h00
Commission des finances, de l’économie générale et du contrôle budgétaire

Jean Picq, président de la troisième chambre de la Cour des Comptes :

La Cour des comptes n'avait pas pour mission d'évaluer le coût de restructuration de RFI. Elle devait non pas s'intéresser à l'avenir, mais constater le présent. C'est ce qu'elle a fait en chiffrant le coût nécessaire de la recapitalisation à 11 millions d'euros et en soulignant deux éléments : d'une part, s'agissant du mode de diffusion, les économies espérées en équivalent temps plein avec le passage au numérique se sont transformées en embauches supplémentaires ; d'autre part, concernant les zones de diffusion et les langues, toute décision inspirée par le souci de cibler davantage l'offre implique forcément un coût, comme l'ont souligné les présidents Cluzel et Schwartz, qu'il s'agisse de la reconversion des journalistes concernés, de la formation ou encore de l'aide au départ.

S'agissant de l'évolution du budget de l'audiovisuel extérieur public, lequel est aujourd'hui de 300 millions d'euros, les besoins de financement s'additionnent. Ainsi, pour TV5, même sans plan majeur de développement, le simple fait de maintenir une politique de sous-titrage ou d'enrichir les programmes de la chaîne a un coût. De même, pour France 24, le budget devrait être susceptible de passer de 80 à 133 millions d'euros d'ici à 2010. Voilà notamment pourquoi la Cour a estimé à 350 millions d'euros les besoins de l'audiovisuel extérieur public à cet horizon.

En matière de benchmarking – ou plutôt de parangonnage, pour faire plaisir à notre Premier président – l'affichage des résultats d'audience par les sociétés étrangères – M. Gilles Andréani répondra sur ce point – implique vraisemblablement une part d'intox. Pour autant,les dépenses d'études des sociétés de l'audiovisuel extérieur public français sont modestes et tendent plus à valoriser un potentiel d'audience qu'à mesurer la réception, même si l'exercice est parfois délicat. Il y a là une part de poker menteur que les professionnels de l'audiovisuel seraient plus à même de décrypter.

Quant au pilotage des opérateurs audiovisuels, une holding, en effet, gère et n'est pas en charge des choix politiques et diplomatiques du pays. Je ne sais si le Conseil de l'audiovisuel extérieur de la France – CAEF –, qui ne s'est pas réuni depuis longtemps, est le lieu de la décision politique et des arbitrages, mais une holding permet à tout le moins de disposer d'un lieu unique pour rendre compte et pour apprécier les enjeux politiques, financiers et diplomatiques. La Cour ne peut donc que constater qu'il existe deux niveaux différents de pilotage, l'un d'animation, l'autre de prise de décisions politiques.

Concernant la situation financière des entreprises, l'augmentation du budget de l'audiovisuel n'a profité qu'à la montée en charge de France 24, ce qui a laissé les autres, sans modifier ni leurs programmes ni leur structure, dans une situation financière plus tendue.

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