Lors d'un débat auquel participait M. Touati, deux conceptions se sont opposées. Le contradicteur de M. Touati estimait que la crise devait être purgée par la punition de ceux qui avaient fauté, c'est-à-dire en les laissant mourir sans qu'intervienne d'une quelconque manière la puissance publique. Un certain esprit moral était privilégié. M. Touati, pour sa part – je parle sous son contrôle – considérait qu'ils étaient trop gros pour faillir et que privilégier l'aspect moral faisait courir un risque, y compris à ceux qui n'avaient rigoureusement aucune responsabilité – même morale – dans la crise. Par rapport à ce qui s'est passé aux États-Unis, estimez-vous qu'on a fait le choix d'une certaine efficacité au détriment de la morale ou plutôt de la morale au détriment d'un certain avenir économique ?
Deuxièmement, selon M. Touati, si la crise n'est pas terminée aux États-Unis, l'investissement des entreprises, qui est un très bon indicateur, laisse présager qu'elle est voie de l'être. Comment les entreprises font-elles pour investir avec une telle croissance ? Si les banques n'osent plus se prêter entre elles, on imagine mal qu'elles osent prêter à des entreprises ? D'où sort la matière à cet investissement aux États-Unis ?
En France, on imagine mal un tel chiffre, au moins à brève échéance ? Au demeurant, quel est-il cette année ? Comment voyez-vous la sortie de la crise, étant entendu que les marges des entreprises sont à un niveau tel qu'on les voit mal investir et que les banques hésitent à prêter, quelles que soient les garanties que les entreprises semblent vouloir apporter ? Si les choses sont jouées pour 2008, en raison de la position de la BCE, quelle sera la situation en 2009 et 2010 si, tout au long de cette année, les entreprises n'investissent pas ?