S'agissant de votre nomination, monsieur le secrétaire d'État, j'hésite entre les félicitations et les condoléances. Je vous souhaite en tout cas bien du courage ! (Exclamations)
Quand on connaît bien l'Allemagne, on peut également trouver que vos propos concernant le travail de mémoire méritent au moins quelques nuances. A l'Ouest comme à l'Est, un voile pudique a en effet été jeté sur le passé de nombreuses personnes – et je pourrais citer des cas bien connus. Le travail effectué sur la période communiste reste en particulier très mince.
En matière de politique économique, il me semble que nos voisins ont très vite compris que nous entrions dans un monde global, ce qui n'a malheureusement pas été le cas en France. Dès 1992, le patronat allemand a joué la carte des exportations vers l'Asie et les pays émergents, tout en menant une politique industrielle connue sous le nom de Standort Deutschland : rien d'important, qu'il s'agisse des centres de recherche ou de décision, ne devait quitter le pays. Le coeur du complexe militaro-industriel, fruit d'un siècle d'investissements lourds, a ainsi été préservé, puis les exportations ont pu augmenter.
Pendant ce temps, la France en est restée au stade de l'« euro-béatitude » : elle a continué à se fixer pour objectif de maintenir ses exportations vers l'Allemagne, alors que la population de ce pays se réduisait. Compte tenu des différences de structure économique, les intérêts industriels ont alors divergé.
Une crise en cachant souvent une autre, nous sommes maintenant au bord d'un choc asymétrique au sein de la zone euro. Cette « divine surprise » ne peut produire que deux effets : soit les pays faibles abandonneront la monnaie unique, soit nous paierons pour eux. Vous êtes-vous entretenu de cette question avec vos collègues européens ? Pour m'être rendu très récemment à Hambourg, je sais que l'on commence à ouvrir les yeux à ce sujet de l'autre côté du Rhin.