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Intervention de Luc Vigneron

Réunion du 30 juin 2009 à 17h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Luc Vigneron, président-directeur général du groupe Thales :

S'agissant de la position de Thales par rapport à ses concurrents en R&D, je sollicite une fois de plus votre indulgence car ma connaissance de la concurrence est encore imparfaite. Je puis néanmoins témoigner que, dans des métiers tels que les communications tactiques, le spatial, l'avionique civile et militaire – le radar à antenne active du Rafale, par exemple –, les ingénieurs de Thales ne m'ont rapporté aucun décalage significatif par rapport à l'offre concurrente. J'ai le sentiment que notre offre est largement à niveau sur le plan technologique.

Il y a bien sûr des exceptions. Toute société a ses points forts et ses points faibles et nous devrons fournir des efforts plus importants en matière de R&D dans certains domaines pour ne pas nous laisser distancer. Il ne faut de toute façon pas ralentir le tempo car, dans ce cas, les concurrents vous dépassent. La vitesse du progrès technologique est impressionnante. Il suffit, pour s'en persuader, de comparer les drones actuels et ceux conçus il y a deux ans.

Le rôle de l'État dans la R&D est absolument essentiel dans ces métiers où le risque technologique est important. Nous le disons au gouvernement français, mais aussi aux gouvernements britannique ou néerlandais notamment : le groupe est dual – axé pour moitié sur la défense et pour moitié sur le civil – et il s'emploie régulièrement à se mettre en situation de win-win avec son client pour la défense. Il est des cas où une dépense amont dans la R&D supportée par le gouvernement local est nécessaire, car les technologies civiles ne sont pas en mesure de répondre aux défis technologiques exigés par les militaires. Outre l'effet démultiplicateur sur les exportations militaires, on obtient assez souvent des retombées civiles, notamment en matière électronique. En sens inverse, les métiers civils de Thales permettent d'intéresser le client militaire. Ainsi, Thales a des pris des positions très intéressantes dans le domaine de la navigation inertielle pour les avions civils, en particulier l'A350. La nouveauté de notre approche technologique a attiré l'attention de notre client DGA en France pour d'éventuelles applications militaires.

J'y insiste, le rôle de l'État est fondamental et une entreprise duale est particulièrement intéressante puisqu'elle offre toujours la perspective de bénéficier, pour un euro mis dans la R&D, d'un autre euro récupéré pour une autre activité ou sous forme de « retour à l'envoyeur ».

La question de l'A400M est difficile pour Thales comme pour beaucoup d'autres sous-traitants. Nous sommes un contributeur important de ce programme puisque nous fournissons treize équipements, dont le logiciel Flight management system qui ne comporte pas moins de 3 millions de lignes de code. On constate un dépassement significatif des coûts sur ce programme ; c'est pourquoi Thales a dû intégrer des provisions dans les comptes de l'an dernier. J'ai donc décidé de faire la part des choses entre les problèmes de surcoûts et les problèmes opérationnels. Nous souhaitons un bon déroulement opérationnel et ne voulons à aucun moment gêner le programme ! Au demeurant, notre logiciel ne saurait constituer un handicap puisqu'il est déjà en état pour assurer le premier vol de l'appareil. Pour ce qui est des surcoûts, nous engageons une discussion avec EADS pour examiner comment nous pouvons avancer dans le respect des intérêts des parties sur ce programme économiquement difficile.

En matière spatiale, l'existence de deux grands acteurs européens est un résultat de l'histoire. Je ne saurais me prononcer sur l'évolution potentielle de cette situation, me bornant à noter que mon prédécesseur vous disait, il y a quelques années, que l'appréciation dont elle faisait l'objet variait selon les clients : certains tenaient fortement à ce qu'il y ait deux fournisseurs européens, d'autres étaient plus ouverts à d'autres solutions. Je n'ai pas d'avis sur la question.

Je remarque seulement – et fais remarquer à la DGA – que l'ensemble Thales Alenia Space est un exemple très réussi de coopération franco-italienne. Ce tandem me paraît très bien placé de par ses compétences et les possibilités d'extension de l'activité vers l'Italie, notamment au cas où le ministère de la défense souhaiterait « externaliser » le programme Syracuse. D'une certaine manière, l'industrie française – mais il s'agit, cette fois-ci, de « l'autre » industriel – a réussi une coopération franco-britannique avec Paradigm ; concernant l'axe franco-italien, le projet transalpin Sicral 2 offre l'occasion d'une nouvelle coopération binationale avec des retours pour l'industrie française.

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