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Intervention de Catherine Bréchignac

Réunion du 1er avril 2009 à 16h15
Commission des affaires économiques

Catherine Bréchignac :

Je réponds d'abord sur le sujet de l'enthousiasme. Quand je fais quelque chose, c'est toujours par conviction. J'ai effectivement une charge de travail relativement lourde, mais si l'on me confie la présidence du Haut conseil des biotechnologies, j'abandonnerai la présidence du Palais de la Découverte, qui est en train de se rapprocher de la Cité des sciences.

Concernant la dernière question qui m'a été posée, je demande que l'on ne confonde pas les rôles. Ce n'est pas parce que l'on est scientifique que l'on est expert en toute matière scientifique. Ce sur quoi vous m'avez interrogée est typiquement du ressort du comité scientifique du Haut conseil. Pour ma part, en tant que scientifique, je peux vous répondre à une question sur les nanotechnologies, mais il n'est pas question que je me substitue aux scientifiques spécialistes des biotechnologies. Au CNRS, de même, je fais en sorte que chacun soit dans son rôle.

Quant à l'Académie des sciences, j'en fais certes partie, mais je suis également membre de l'Académie des technologies ainsi que de l'académie américaine, qui s'étend aux sciences humaines et sociales.

Le mot « biotechnologie » est apparu en 1913 mais en réalité, on en fait depuis très longtemps. D'une manière générale, on pratique souvent une technologie avant d'avoir compris la science qui la fonde ; ainsi, par exemple, les Chinois utilisaient la boussole avant d'avoir compris le magnétisme. L'utilisation de la levure pour fabriquer du pain, la mise au point de vaccins par Pasteur sont des biotechnologies. Les OGM font peur parce qu'on n'en comprend pas bien le soubassement scientifique et qu'on s'interroge donc sur leurs effets.

C'est là qu'apparaît toute la pertinence d'un Haut conseil formé de deux comités, l'un approfondissant les questions scientifiques et l'autre relayant les interrogations de la société, le président s'employant quant à lui à faire dialoguer leurs membres.

S'agissant de mes compétences, d'un point de vue scientifique il se trouve que les nanotechnologies, qui sont mon domaine, concernent de plus en plus celui des biotechnologies. Tout le problème, sur lequel je crois que mon expérience pourra être utile, est de savoir utiliser à bon escient les progrès scientifiques. Par ailleurs, je n'aspire pas à avoir une fonction administrative : ce que j'aime faire, c'est piloter. Le rôle du président du Haut conseil est à mon avis de s'assurer, du côté scientifique, que les protocoles sont bien suivis et que l'on a bien balayé l'ensemble des questions à se poser, et de l'autre, que l'on s'interroge comme il convient sur les usages.

Quant aux scientifiques, notre pays en compte d'excellents dans tous les domaines. Mais peut-être est-il préférable que le président du Haut conseil ne soit pas un spécialiste des biotechnologies, afin qu'il conserve la distance nécessaire par rapport au sujet.

L'indépendance du Haut conseil, j'y tiens énormément : pour éclairer le Gouvernement et lui permettre de se déterminer en connaissance de cause, il faut une instance indépendante. D'ailleurs, la première fois que le ministre d'Etat m'avait sollicitée, je lui avais expliqué que je n'aimais pas qu'on me tienne la main.

Enfin, il me paraît très important de travailler à la mise au point de normes européennes. Je ne reviens pas sur le MON810 puisqu'un moratoire a été décidé, mais il est clair aujourd'hui que les expérimentations des OGM se font en milieu confiné, seules deux expériences en plein champ étant menées par l'INRA, sous étroite surveillance et dans le cadre d'une démarche citoyenne. Pour terminer, il me paraît important de souligner que si en Europe 61 % des entreprises de biotechnologie se trouvent dans le secteur de la santé, cette part n'est que de 53 % en France, tandis que les proportions sont de 32 % en Europe et 44 % en France pour le secteur agricole et agroalimentaire. Et il ne faut pas oublier que les biotechnologies ne se limitent pas aux OGM : je pense que le Haut conseil aura à s'intéresser à d'autres sujets d'une haute importance.

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