Le délai de six mois sert à s'assurer que ce sont des invendus qui sont soldés. Un titre ne devient un invendu qu'au bout d'un certain temps. La double condition de la date de parution de plus de deux ans et de la détention d'au moins six mois est destinée à éviter les opérations d'appel de la grande distribution. À l'origine, les centres Leclerc ont été très offensifs en achetant des quantités énormes de livres édités deux ans auparavant, en les stockant, pour les solder six mois plus tard à un prix très bas et déstructurer le marché. Attendre signifie aussi que les livres ont été payés avant d'être soldés. En l'absence d'une telle limite, les hypermarchés multiplieraient à l'envi les opérations sur les titres de fond de la bande dessinée ou de l'édition de poche qui marchent très bien et qui ont un public. Dans d'autres domaines, de telles pratiques sont également encadrées. Ainsi, un vendeur de vêtements ne peut pas solder maintenant des articles qu'il aurait achetés en juin. Le délai de six mois joue effectivement un rôle de protection.
S'agissant d'Internet, oui ! il faut absolument casser l'idée qu'il serait l'ennemi de la librairie, ou inversement et qu'il fonctionnerait, pour la vente de produits marchands, très différemment de l'économie réelle. J'espère que le Conseil du livre et les rencontres avec les parlementaires permettront d'ouvrir le débat. Imaginez le bilan écologique de la livraison d'un livre à deux euros acheté par Internet ! Songez au gaspillage en logistique, en gasoil, en emballage… La livraison de milliers de livres en un point de vente économise au moins du CO2. En tout cas, les libraires du SLF poursuivent dans ce domaine les quatre objectifs que M. Françaix a rappelés. Le but du jeu, c'est que le lecteur, ou le consommateur, comme on voudra, ait accès à de nombreux livres et puisse s'adresser à différents fournisseurs et à différents distributeurs. Il s'agit là d'un véritable enjeu et j'espère que la représentation nationale nous aidera à avancer dans cette voie.