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Intervention de Bertrand Picard

Réunion du 2 juillet 2008 à 10h00
Commission des affaires culturelles, familiales et sociales

Bertrand Picard, directeur du livre à la Fnac :

La Fnac a une position un peu particulière sur le marché des produits culturels puisque, pour ne prendre que le livre, elle est pratiquement la seule enseigne à être présente sur tous les créneaux.

On peut toujours discuter des chiffres, mais il me semble intéressant d'en donner quelques-uns, d'autant que la Fnac a acquis, par ses métiers, une vision assez large de l'activité culturelle et donc du livre.

L'objectif initial de la loi Lang était d'assurer la diversité des points de vente afin de pouvoir garantir la diversité de l'offre. À cet égard, la part de marché des différents circuits est équilibrée, ce qui ne se retrouve pas dans d'autres métiers. Les libraires indépendants, les grandes surfaces alimentaires, les grandes surfaces spécialisées et les autres acteurs que sont les clubs et Internet, représentent en effet chacun un quart du marché. Par ailleurs, 50 % du chiffre d'affaires provient encore des librairies de centre-ville, ce poids ne se retrouvant également dans aucune autre activité commerciale.

De même, le livre est dans une situation très différente des autres produits culturels. Le disque n'a-t-il pas vu ainsi disparaître, avant même toutes les problématiques de dématérialisation, le réseau de disquaires ?

Quant à savoir si la modification du prix, à un moment donné de la vie du livre, peut ou non dynamiser les ventes, la question ne se pose pas pour le fonds de catalogue – parmi les 200 000 références différentes vendues par la Fnac, seules 45 % ont moins de deux ans d'édition. C'est ainsi que nous vendons toujours au prix normal les 15 % de livres qui ont plus de dix ans d'édition. Une dynamique de prix n'est donc pas forcément nécessaire pour continuer à vendre du fonds de catalogue.

Quant à solder, comme la loi le permet, des livres qui ont plus de deux ans d'édition et six mois de stock, il en existe très peu car les libraires ont appris à gérer. En outre, lorsque nous proposons de tels livres à la vente avec une réduction de prix – à la Fnac, un millier de livres au plus peuvent entrer dans ce cadre –, ils ne partent pas. Si un livre n'a pas trouvé de lecteur, ce n'est pas parce que l'on va baisser son prix qu'il trouvera un acheteur.

Il ne faut pas oublier non plus, dans cette dynamique des prix, l'édition de poche qui permet de proposer un an ou deux après leur parution des livres moins chers.

S'agissant des retours et de la mise au pilon, la profession travaille aujourd'hui beaucoup plus en flux tendus, qu'il s'agisse des éditeurs, qui ont à leur disposition des techniques d'impression qui autorisent des tirages à flux tendus, ou des libraires, qui ont la possibilité, grâce à l'informatisation, de commander au plus près des besoins de leurs clients. Les invendus correspondent donc dans leur majorité à des nouveautés qui n'ont pas trouvé leur clientèle, et la baisse de prix ne changerait guère les choses. En tout cas, la question de savoir si 35 000 nouveautés ce n'est pas trop, a peut-être un sens dans le domaine des livres de cuisine, mais certainement pas en matière de fiction.

Il ne nous semble donc pas que des mécanismes de solde dynamiseraient en quoi que ce soit un marché dont la part des ventes de fonds de catalogue est déjà très importante.

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