Je vous remercie, monsieur le président, d'avoir bien voulu que la commission, malgré une actualité sociale chargée, consacre un peu de temps au sort du livre et revienne sur l'initiative que Jean Dionis du Séjour et moi-même avons prise en déposant nos amendements. Notre démarche s'est inscrite dans le cadre de la discussion d'un projet de loi de modernisation de l'économie et non pas d'un texte ayant trait à la culture. Devant l'émotion soulevée, nous avons pris conscience de la nécessité d'ouvrir le débat avant de prendre quelque mesure législative ou réglementaire que ce soit. Il faut dresser un état des lieux de l'application de la loi Lang et évoquer le problème du délai durant lequel le prix unique est applicable.
En effet, tous les acteurs de la chaîne du livre semblent faire du respect de ce délai un élément clef du dispositif issu de la loi de 1981. Pour nous parlementaires, cela semble révéler une grande fragilité de l'ensemble du marché du livre. Il s'agit certes d'une marchandise très spécifique : peut-être cette spécificité nous a-t-elle échappé lors d'un débat à caractère économique.
Bien entendu, si Jean Dionis du Séjour et moi-même n'étions pas d'ardents défenseurs du livre, nous ne nous serions pas penchés de ces questions. L'enfer étant pavé de bonnes intentions, peut-être sommes-nous allés trop loin et avons-nous risqué de porter atteinte à l'un des symboles de l'équilibre actuel du marché du livre. Mais nous avons été impressionnés par certains chiffres. Y a-t-il une place pour chacun des 60 000 nouveaux titres qui paraissent chaque année ? Cela a-t-il un rapport avec les millions d'exemplaires passés au pilon ? Le lien nous est apparu évident mais sans doute lui avons-nous donné une importance excessive.