Il ne s'agit pas seulement de sortir de la crise, car il est probable que la situation finira bien par s'améliorer, mais il faut aussi et surtout faire en sorte que cela ne recommence pas. Depuis une vingtaine d'années, on constate que, d'une façon cyclique, les mêmes causes produisent à peu près les mêmes effets, même si la crise actuelle est probablement la plus importante que l'on ait connue.
Lorsque vous déclarez que la France fait mieux que ses voisins, vous omettez d'évoquer le rôle du secteur public, de l'intervention de l'État et de la protection sociale. Qu'en est-il d'une véritable relance sociale, que réclament unanimement tous les syndicats ? Allez-vous, au-delà des petites mesures que vous venez d'évoquer, leur répondre rapidement ?
Par ailleurs, les déficits de l'État et de la sécurité sociale ont explosé. Quelles mesures envisagez-vous de mettre en oeuvre afin de ne pas laisser en héritage à nos enfants et petits-enfants les fruits des errements de quelques-uns ?
Dans certaines entreprises, le patronat préfère recourir aux heures supplémentaires plutôt que de recréer des emplois, même à durée déterminée. C'est là une confirmation de ce que nous avons critiqué lors de la loi TEPA, qui a mis en place le régime d'heures supplémentaires exonérées de toute cotisation patronale et salariale.
Dans ma région, les pétroliers ont entrepris de « remodeler » profondément l'outil. Shell et Total ont ainsi annoncé chacun la fermeture d'un site en Normandie – dans le cas de Shell, il s'agit d'un centre de recherches –, ce qui se traduit par la disparition d'emplois très qualifiés, avec des conséquences très lourdes pour les territoires.
Enfin, n'y a-t-il pas quelque chose d'« immoral » – pour reprendre un terme qu'emploie parfois le Président de la République – à venir en aide à des entreprises qui, après avoir distribué pendant cinq ou six ans des sommes extraordinaires sous forme de dividendes dopés par les rachats d'actions, ont aujourd'hui les poches vides ?